Saint-John Perse est né à la Guadeloupe en 1887. Son vrai nom est Alexis Saint-Léger. Il est né d'une riche famille de planteurs et a eu une enfance heureuse, soulignée par une longue fréquentation de la mer, de la nature et des animaux. Saint John Perse était un passionné de sciences naturelles et étudiait les oiseaux, les insectes et les poissons.
A la suite du tremblement de terre de 1897 qui ruina de nombreux planteurs, la famille quitta la Guadeloupe pour la France. Saint-John Perse est alors lycéen à Pau, avant d'entreprendre des études de droit à Bordeaux. Il rencontre le poète Francis Jammes en 1902, lequel le présente à Paul Claudel puis à André Gide et Jacques Rivière.
Ses premiers poèmes, Images à Crusoé, sont publiés dans la Nouvelle Revue Française en 1909, puis un recueil sous le titre Eloges en 1911, suivi de Anabase en 1924.
SJP devient ensuite diplomate et ne publiera plus rien. Il est l'un des principaux auteurs des Accords de Locarno, plaidant pour une « conciliation franco-allemande pour assurer la sécurité de la France puis de l'Europe ». Lorsqu'arrive la Seconde Guerre mondiale, il est dénoncé comme partisan de la guerre et le gouvernement de Vichy lui retire la nationalité française ; Ne pouvant plus rejoindre sa mère qui mourut en 1948, sans qu'il puisse la revoir, Alexis Léger s'embarque pour l'Angleterre et de là, pour les Etats-Unis. Il a dit l'exil dans ses poèmes ou il évoque l'Europe et sa mère, à qui il dédia le poème Neige.
Aux Etats-Unis, il publie successivement Exil en 1942, Vents en 1946 puis Amers en 1957.
A partir de cette date, il revient chaque été faire de longs séjours en France et publie de courts poèmes comme Chronique en 1960, année où lui est attribué le Prix Nobel de littérature.
Il publiera encore Oiseaux en 1963 et Chant pour l'équinoxe en 1971. Il meurt à Giens en 1975 (...)
[...] En lui s'opère le passage de la ville à l'île, de l'artificiel au naturel. B-UN CONTRASTE VILLE/ILE RESULTANT DE PROCEDES STYLISTIQUES ET D'UNE GRANDE HABILETE POETIQUE - On trouve à la fois le champ lexical de la ville (des tours de l'abbaye, des cloches sur la ville), mais aussi celui de l'eau (brisants, rives, la mer) et celui du bruit (sifflements, musiques étranges, clameurs sous la mer). - l'image de l'île est d'abord auditive, avec ses sifflements, ses musiques étranges, ses clameurs sous la mer. [...]
[...] Les mains de Robinson sont nues, ce qui traduit le dépouillement, la déchéance. Elles sont celles d'un vieil homme, ce qui évoque un vieillard démuni, qui a perdu sa jeunesse, son île, sa liberté, son identité. O Dépouillé ! cette apostrophe traduit la compassion de SJP à l'égard de Crusoé. La majuscule confère ici à la douleur de Crusoé une dimension universelle. - avec l'utilisation du champ lexical de la tristesse: tu pleurais, vers3, le sanglot, vers tu pleurais, vers 7. [...]
[...] Il est par ailleurs à noter que le tu s'impose comme l'autre pôle du je Tutoyant, je me parle aussi à moi-même. Je et tu sont miroirs l'un et l'autre. Deux voix se mêlent, celle de l'enfant qui se remémore son île natale et celle de l'adulte, deux temps alternent, le passé tu pleurais et le présent j'imagine Le poète se dédouble en s'adressant à celui qu'il a été. L'interlocuteur du poète est tantôt désigné comme le vieil homme aux mains nues Crusoé ou encore Dépouillé B-LA DEFINITION DU MALHEUR DE CRUSOE Le poète définit le malheur de Crusoé en utilisant différents procédés : - dans la façon qu'a SJP de le nommer : le vieil homme aux mains nues »:dans nombre de ses poèmes, SJP évoque la présence du corps, mains nues dans la Cloche, la tête dans le Mur, leur haleine dans la Ville, les mains dans Vendredi. [...]
[...] -Eloges, constitué de 18 poèmes en prose ; Images à Crusoé est composé de 9 poèmes de longueur inégale. Le titre Images suggère un caractère pictural, visuel. Chaque poème est centré sur un objet qui lui donne son titre Les Cloches Le Mur La Ville Le Perroquet Le Parasol de chèvre L'Arc La Graine Le Livre La préposition à signifie que ces poèmes sont dédiés à quelqu'un, ici Crusoé. SJP fait référence au roman de Daniel Defoe, Robinson Crusoé, où ce dernier relate l'histoire d'un homme naufragé sur une île qui va reconstituer la civilisation autour de lui. [...]
[...] L'importance des deux thèmes est sensiblement égale. Les cinq premiers vers traitent de la ville, les sept derniers de l'île, ces deux parties étant délimitées par l'apostrophe O Dépouillé ! Ainsi, à travers cette structure, le glissement semble aisé vers le rêve de l'île. On passe ainsi de la nuit sur la ville à l'aile close de la nuit du sanglot des cloches sur la ville à l'amplification des clameurs sous la mer de la cloche à la conque. Tout un monde est prêt à resurgir des profondeurs mais qui demeure encore enfoui ( SOUS la lune, SOUS l'aile close de la nuit, SOUS la mer.) Ce monde prépare son émergence. [...]
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