L'Africain, publié en 2003, est un récit (auto)biographique écrit par Jean-Marie Gustave Le Clézio. Il y livre les souvenirs de son père, médecin en Afrique.
L'ouvrage relate la manière dont Le Clézio, encore enfant, quitte la France avec sa mère pour rejoindre ce père qui vit éloigné d'eux (...)
[...] D'une certaine manière, Le Clézio est resté cet enfant agressé. L'écriture du souvenir passe par plusieurs techniques : - Le Clézio utilise beaucoup de présent, afin de rendre plus vivant son souvenir - les détails sont très précis pour mieux transmettre la douleur et la peur aux lecteurs - l'écrivain utilise la focalisation interne pour accroître la subjectivité et l'identification au ressenti de l'enfant La précision et le choix de ces techniques soulignent deux choses : - d'abord, l'écrivain est très attaché à ce souvenir et il veut en transmettre la sensation de la façon la plus précise possible - ensuite, le traumatisme est prégnant, ce qui se ressent dans l'écriture III/ Un récit empreint de terreur En effet, l'ensemble de l'extrait est caractérisé par l'omniprésence de la peur. [...]
[...] Je garde le souvenir cuisant de ma première rencontre avec les fourmis, dans les jours qui ont suivi mon arrivée. Je suis dans le jardin, non loin de la maison. Je n'ai pas remarqué le cratère qui signale l'entrée de la fourmilière. Tout d'un coup, sans que je m'en sois rendu compte, je suis entouré par des milliers d'insectes. D'où viennent-ils ? J'ai dû pénétrer dans la zone dénudée qui entoure l'orifice de leurs galeries. Ce n'est pas tant des fourmis que je me souviens, que de la peur que je ressens. [...]
[...] L'extrait s'achève d'ailleurs sur ces mots : D'où vient que j'en garde la marque, comme si les morsures des fourmis guerrières étaient encore sensibles, que tout cela s'était passé hier ? Sans doute est-ce mêlé de légende, de rêve. Conclusion La force de se passage est de mêler précision de la narration et force du souvenir traumatisant. Cet épisode a marqué Le Clézio au point qu'il est en partie fondateur de sa personnalité d'adulte. Cela correspond à la volonté (auto)biographique de ce récit paru au début des années 2000. Cependant, soulignons que ce livre est d'abord destiné à rendre hommage au père de l'écrivain. [...]
[...] L'attaque est soudaine, et l'enfant ne parvient pas à réagir. On le voit au rythme ternaire de la phrase : je reste immobile, incapable de fuir, incapable de penser Ensuite, certaines réactions restent imprécises ; Le Clézio devine, imagine : je ne m'en souviens pas, mais j'ai dû Cette paralysie ne s'applique qu'à sa réaction, car son corps, lui, est bien sensible ; en témoignent les termes du champ lexical de la douleur, tels que fouetté sang brûlure Moins il bouge, plus il souffre, et en même temps sa propre apathie amplifie le cercle vicieux. [...]
[...] Une anecdote, une simple anecdote. D'où vient que j'en garde la marque, comme si les morsures des fourmis guerrières étaient encore sensibles, que tout cela s'était passé hier ? Sans doute est-ce mêlé de légende, de rêve. Le Clézio, L'Africain Commentaire Une confrontation intense et inattendue L'ensemble de l'extrait est construit sur un combat aussi psychologique que physique entre l'enfant et les fourmis. L'attaque s'explique déjà par la revendication d'un même territoire. Le jeune garçon est calme et se sent en sécurité dans un espace non loin de la maison puisqu'il s'agit du jardin. [...]
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