Il s'agit d'un extrait du roman de Mme de La Fayette
[...] La forme de l'analyse se caractérise par l'introspection : Mme de Clèves analyse ses sentiments et ses pensées. Le point de vue de la romancière qui sait tout de son personnage (récit à la troisième personne) est omniprésent. Bien que cette scène soit entièrement dominée par l'émotion (quel effet produit cette vue d'un moment sur le cœur de Mme de Clèves), elle est renforcée par tout un champ lexical des sentiments : "passion; violence; aimable; aimant; une passion digne d'être aimée; attachement; une inclinaison si violente; affliction, aimer . [...]
[...] Bien que la princesse n'ait toujours pas cédé à M. Nemours qu'elle aime, son ami la croit infidèle et en meut de chagrin. S'étant retirée du monde, la princesse croit sa passion éteinte, mais le hasard d'une promenade la met en présence de M. de Nemours. Le texte est composé de deux paragraphes qui reflètent les étapes d'une délibération : ligne 1 à 24 : les raisons qu'elle aurait de céder à M. De Nemours ligne 15 à 27 : les raisons contraires que lui inspire le souvenir de son mari défunt Chaque paragraphe débouche sur une conclusion opposée et symétrique : ligne 13 à 14 : plus de devoir, plus de vertu qui s'opposassent à ses sentiments ligne 26 à 27 : Elle devait fuir sa vue comme une chose entièrement opposée à son devoir Nous verrons donc dans un premier temps la délibération de Mme De Clèves puis dans un second temps l'étude du roman d'analyse classique. [...]
[...] L'opposition passion et raison n'en reste pas moins les pôles sur lesquels s'étincellent la délibération : pour les Classiques, la passion est synonyme de désordre et la raison doit l'emporter. Conclusion : C'est une belle page de roman d'analyse classique où s'affrontent passion, raison de l'esprit et le cœur d'une femme, la princesse de Clèves, personnage éponyme. C'est une délibération où sont pesées les raisons du cœur et le devoir de fidélité à la mémoire d'un époux disparu nécessaire pour retrouver la paix intérieure. C'est un modèle d'esthétique classique : lucide, ordonnée et claire. [...]
[...] Cette conscience morale de la princesse se présente comme un nœud de culpabilité et de désir attachés à la personne de M. de Nemours ou à celle de son mari, et à leurs relations à tous les trois : "ce même homme qu'elle regardait comme pouvant l'épouser, était celui qu'elle avait aimé du vivant de son mari et qui était la cause de sa mort". A ce sentiment complexe vient s'ajouter la peur que lui inspire la passion amoureuse, synonyme de désordre et d'inquiétude. [...]
[...] Puis on passe de la passion à l'objet de la passion : M. de Nemours évoqué par une longue énumération de termes valorisants voire superlatifs : "aimable au dessus de tout" (digne d'être aimé) ; "l'aimant depuis longtemps" (fidélité) ; "avec passion" (intensité); "pleine de respect et de fidélité"; "méprisant tout pour elle" (élection); "respectant jusqu'à sa douleur Ce que Mme de Clèves met enfin en valeur, c'est la réciprocité des sentiments. Elle conclut en effet à la dernière ligne qu'elle pourrait donner libre cours à sa passion. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture