Cet extrait constitue la dernière page d'un roman fleuve de plus de mille pages, dont les rebondissements ont été aussi nombreux qu'inattendus. Après quinze livres répartis en huit tomes, il s'agit ici d'apporter une conclusion à l'œuvre et à toutes les aventures qui s'y sont nouées tout en ouvrant le roman sur une autre perspective, comme en atteste le dernier mot du roman, à savoir le « départ ».
[...] C'est visiblement la religion qui a permis à Fanny de progresser dans ce sens, comme le montrent des termes tels que misère de la condition humaine (on pense ici à pascal), ou encore un meilleur sort et surtout l'espérance du bonheur dans l'au- delà, idée évoquée notamment quelques pages plus tôt par le père recteur, lorsqu'il vient parler à Fanny après le décès de sa fille. L'épouse de Cleveland a donc considérablement évolué, et elle l'a même largement précédé sur la voie de la sagesse, c'est pourquoi ce dernier s'efface de la fin de son récit pour mettre Fanny au premier plan ; c'est alors à elle que revient la résolution des dernières intrigues. La conclusion des intrigues (lignes 10 à 32) Certaines aventures restent en effet encore en suspens à ce stade du récit. [...]
[...] De là à supposer que cette page montre un auteur en retrait avec ce qu'il écrit (cette page ne correspond plus vraiment au titre, et s'inscrit en rupture avec le reste de l'œuvre, cf. [...]
[...] L'incompréhension et les non-dits ont en effet été jusqu'à présent la source de tous les problèmes, et notamment des difficultés qu'ont traversées Cleveland et Fanny, notamment en raison de la jalousie de cette dernière. Bien que nous soyons ici à la dernière page du roman, Cleveland ne connaît toujours pas intimement le caractère de son épouse, et cette première phrase ouvre sur une réflexion philosophique, à savoir l'impossibilité d'accéder à la vérité des êtres et à leur connaissance (même au bout de 1100 pages Cleveland se dédouble ainsi pour dissocier d'une part le personnage qui semble n'avoir rien appris de toutes ses mésaventures, et d'autre part le narrateur qui constate l'ignorance de son personnage et rétablit la vérité. [...]
[...] Mais la dernière phrase joue, tout comme le dernier mot du roman, un rôle d'ouverture, puisqu'elle annonce la suite des aventures de Cleveland comme étant déjà écrite (cf. le passé composé passif ont été écrits et sur le point d'être publiée, bien que dans un avenir indistinct et peut-être même lointain quelque jour Ces quatre lignes sont donc, dans une certaine mesure, là pour renforcer l'impression qui se dégage de la dernière page du roman : cette fin n'en est pas réellement une, puisque la famille de Cleveland commence une autre vie, et cette fin comme cette nouvelle existence se veulent chrétiennes, comme le montrent le nouvel état d'esprit de Fanny et l'adjectif qui vient qualifier la nouvelle vie de Cleveland de chrétienne (il s'agit aussi par là, rappelons-le, pour Prévost de s'amender, car on lui a longuement reproché sa vie dissolue et celle de ses personnages - notamment de Cleveland qui n'a pas de religion véritable et il a été souvent suspecté de penchant pour le protestantisme). [...]
[...] sans les avoir expliquées tout en justifiant l'ignorance du narrateur : il n'a pas deviné la résolution de Fanny car elle l'a cachée jusqu'au bout. Cette dernière st présentée sous la forme d'un discours narrativisé, procédé qui permet au narrateur de qualifier les propos de Fanny si touchant tout en n'alourdissant pas cette dernière page qui se veut enlevée : la phrase est ainsi structurée en deux parties, l'une ascendante qui montre la montée de la douleur Après avoir arrosé [ ] de ses larmes [ ] ce lugubre spectacle et l'autre descendante qui montre la libération de Fanny, enfin débarrassée des fâcheuses assiduités du duc. [...]
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