En ce début de 2ème partie, située dans le palais royal, Cébès agonisant attend un retour providentiel, celui de Simon Agnel peut-on penser.
Le roi lui, abandonné de tous, se lamente sur la chute de sa dynastie et de son royaume, attaqué par l'ennemi. Pieds nus, égaré, furieux, il est enfin parvenu, à force de cris et de grands coups frappés sur un tam-tam, à sortir de leur sommeil les hommes censés veiller sur le château.
La situation se présente comme un écho amplifié de la 1ère partie où l'on a vu le jeune paysan Cébès clamer son impuissance, son ignorance et son désir de bonheur insatisfait, avant de trouver en Simon Agnel son guide spirituel et son roi. Le véritable roi n'a donc pas la préséance et apparaît d'emblée comme un fantoche, s'agitant inutilement en tous sens.
Le contraste est fort entre le roi et les veilleurs, contraste de ton (plainte lyrique pour les uns, vociférations pour l'autre) et contraste d'attitude, car si le roi s'agite à travers la salle, tous les autres sont allongés et d'abord endormis (ce qui représente un double signe de faiblesse), ds une posture de renoncement et d'accablement qui était déjà celle de Cébès dans la 1ère partie. Ils sont d'ailleurs en proie aux mêmes interrogations, à la même angoisse métaphysique face à l'existence et à son issue.
Dans notre passage, les paroles résignées du 1er et du 3ème veilleur sont une réponse à la colère du roi et un rapport rendant cpte de la situation : ce royaume déserté où règnent la peur et la lâcheté (en effet, seuls sont restés ceux qui n'avaient pas les moyens de fuir), ce royaume est proche de la fin. Aucun espoir, aucun encouragement, aucun signe quel qu'il soit (même les lampes brûlent mal !) ne peut tenir éveillés ces hommes, représentants d'une humanité endormie, comme presque morte (exemple : réplique 4ème veilleur p53 : "Et voici qu'on s'en va nous éteindre / Comme une lampe qui empoisonne et qu'on étouffe avec un torchon mouillé") (...)
[...] [ ] Nuit maternelle ! Terre ! Terre ! dans laquelle la nuit est considérée avec la terre, comme la mère, celle auprès de qui on cherche une réponse et un réconfort, tandis que pour le roi elle est Néant, noirceur étouffante, celui-ci la qualifiant d' »atroce (voir p46 Une affinité est dc établie entre le futur Tête d'Or et le veilleur pour qui la nuit s'assimile à l'ouverture vers un ailleurs (ce que suggère la mention du seuil au 3ème vers), à la porte ouverte qui permet l'appel d'air, le vent, le mouvement. [...]
[...] Ils sont d'ailleurs en proie aux mêmes interrogations, à la même angoisse métaphysique face à l'existence et à son issue. Dans notre passage, les paroles résignées du 1er et du 3ème veilleur sont une réponse à la colère du roi et un rapport rendant cpte de la situation : ce royaume déserté où règnent la peur et la lâcheté (en effet, seuls sont restés ceux qui n'avaient pas les moyens de fuir), ce royaume est proche de la fin. Aucun espoir, aucun encouragement, aucun signe quel qu'il soit (même les lampes brûlent mal ne peut tenir éveillés ces hommes, représentants d'une humanité endormie, comme presque morte (exemple : réplique 4ème veilleur p53 : Et voici qu'on s'en va nous éteindre / Comme une lampe qui empoisonne et qu'on étouffe avec un torchon mouillé C'est ce vide, cette absence de repère dans la nuit du château et de leur existence qu'expriment consécutivement les deux veilleurs mais avec un lyrisme presque apaisé, préparant peut-être l'arrivée de la princesse à qui le 3ème veilleur dira un peu + tard : Tu es notre Gaieté et notre amour (p.67). [...]
[...] Notre explication cherchera donc à montrer comment le lyrisme et le rythme régulier des répliques accompagnent l'expression de l'angoisse et du doute, les rapprochant ainsi d'une prière ; la réplique du 1er veilleur constituant une 1ère partie consacrée aux espoirs déçus et à l'attente vaine de l'homme tandis que la 2ème partie (c'est-à-dire la 2ème réplique) reprend et développe ces thèmes + rupture syntaxique entre les deux répliques. (LECTURE DU PASSAGE) L'invocation lyrique à la nuit retentit comme un écho de l'invocation de Simon Agnel qui clôt la 1ère partie (voir p40 : O Nuit! Mère! [ ] O Nuit, Tu me parais très bonne ! [ ] Vois-moi, moi ton enfant ! [...]
[...] La réponse autant vaut bien mourir est traduite sur scène par l'inertie et le sommeil des occupants du château. Leur impuissance et leur faiblesse sont soulignées par la répétition pouvons/ pouvoir ds une tournure encore une fois négative et par la comparaison avec l'homme ds le bain chaud, en proie à la torpeur (il oscille) ou l'homme qui bâille (lire les 2 versets : Nous ne pouvons Là encore l'image a une représentation concrète sur la scène puisqu'on a vu le 2ème veilleur se replonger dans le sommeil et le roi bâiller peu avant ! [...]
[...] Le 3ème veilleur poursuit et développe la pensée du 1er mais son discours n'est plus tourné vers le passé et acquiert une valeur universelle par l'usage du présent et la mention de l'humanité entière. A l'absence d'espérance répond la mort qui envahit le discours du veilleur, n'excluant personne, du + général au particulier avec un effet d'insistance dû à la polysyndète (1ère réplique : les hommes et les femmes et les enfants et les petits-enfants Par la suite la mort est reprise métaphoriquement par le champ lexical du sommeil (cf. [...]
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