Après les Poèmes Saturniens, où il se place sous le signe de la mélancolie, Verlaine publie en 1869 le recueil des Fêtes Galantes, en apparence plus gai : il s'agit d'une retranscription poétique des fêtes galantes, inspirées de tableaux de Watteau, peintre du XVIIIème siècle. Verlaine veut oublier sa peine, liée à la perte de sa cousine Lisa, mais la mélancolie le gagne à nouveau. Le poème inaugural, "Clair de Lune", constitué de 3 quatrains de décasyllabes, donne la tonalité d'ensemble du recueil. Il invite le lecteur à une rêverie tournée vers le bonheur, l'extase, mais la tristesse réapparait inéluctablement (...)
[...] Tout se fige dans la contemplation du clair de lune La beauté provoque une émotion esthétique. Le décor s'anime, ainsi les jets d'eau sont personnifiés puisqu'ils "sanglotent d'extase". Cet oxymore met en évidence l'ambigüité du bonheur qui se mêle toujours à la tristesse. En effet la beauté est éphémère, tout comme les jets d'eau se brisent. Le mouvement est de plus en plus lent, le poète usant de l'anadiplose et d'un rythme binaire. II) Le clair de lune, un paysage- état d'âme Osmose entre univers extérieur et intérieur Le poète part de l'âme de l'interlocutrice pour l'oublier quelque peu et décrire un paysage métaphorique choisi. [...]
[...] Verlaine veut oublier sa peine, liée à la perte de sa cousine Lisa, mais la mélancolie le gagne à nouveau. Le poème inaugural, Clair de Lune, constitué de 3 quatrains de décasyllabes, donne la tonalité d'ensemble du recueil. Il invite le lecteur à une rêverie tournée vers le bonheur, l'extase, mais la tristesse réapparait inéluctablement. Dans ce poème, à la fois retranscription d'un mouvement propice à la rêverie et à la fuite du temps, et paysage-état d'âme, se fait voir l'art du poète qui fixe l'éphémère et le diffus. [...]
[...] Tout est nuance et la musique révèle la fragilité d'un bonheur éphémère. Ce poème liminaire annonce indirectement le dernier, Colloque Sentimental. On observe une parfaite correspondance entre l'âme du locuteur et le paysage apaisant du clair de lune. Ce poème sera mis en musique par Debussy et Gabriel Fauré. Il rejoint le courant symboliste et l'Art poétique, qui prône "de la musique avant toute chose", "rien de plus cher que la chanson grise où l'indécis au précis se joint". Clair de Lune est également contemporain de la peinture impressionniste de Monet. [...]
[...] On observe des rimes intérieures "charmant"-"jouant"-"dansant", "mineur"-"vainqueur", "l'air"-"mêle"-"clair", "rêver"-"sangloter", et des rimes extérieures riches comme "masques"-"fantasques". Les muets expriment le caractère aérien de la musicalité. Le lecteur est en osmose avec le locuteur et le paysage. Caractère éphémère et factice de la vie Tout être joue la comédie; il existe un profond décalage entre l'être et le paraître. Le mouvement du poème nous entraîne, puis se fige dans la mélancolie et une angoisse discrète, que l'on perçoit dans la dissonance, sublimée par la chanson douce. [...]
[...] Le chant des personnages, mêlé au clair de lune, confère de la vie aux éléments du décor pour créer une atmosphère fantasque, mêlant fantaisie et imagination. Sensibilité exacerbée, complaisance dans la mélancolie Dans ce poème en mode mineur, comme dans un tableau de Watteau, tout est en demi-teinte. Le "bonheur" est atténué par la rime "mineur" et la vie des "arbres" anéantie par les "marbres". La beauté et le calme sont si forts qu'ils provoquent la tristesse. L'alliance "triste et beau" exprime l'âme verlainienne. [...]
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