La circularité dans les oeuvres "La Cantatrice chauve", "La Leçon" et "Rhinocéros" d'Ionesco

Résumé du document

Tel est le sous-titre de l'oeuvre. La pièce en effet semble tourner le dos à la tradition théâtrale, voire opérer une véritable révolution dramaturgique. Le titre ne renvoie aucunement au contenu, comme le veut l'usage. L'histoire portée à la scène paraît terne, tant les personnages sont ordinaires, inconsistants, sans individualité ou originalité, et même interchangeables. Les événements ne sont pas intéressants : une soirée au coin du feu chez des bourgeois, des visites de tous les jours, des conversations et des préoccupations dérisoires (...)

Extraits

[...] La circularité La Cantatrice Chauve, La Leçon, Rhinocéros, Ionesco Comment, par la circularité, Ionesco offre une structure dynamique dans ses trois œuvres ? I. Une mise en abîme Des procédés révolutionnaires La Cantatrice Chauve : une anti-pièce Tel est le sous-titre de l'œuvre. La pièce en effet semble tourner le dos à la tradition théâtrale, voire opérer une véritable révolution dramaturgique. Le titre ne renvoie aucunement au contenu, comme le veut l'usage. L'histoire portée à la scène paraît terne, tant les personnages sont ordinaires, inconsistants, sans individualité ou originalité, et même interchangeables. [...]

[...] La résistance de Bérenger à la maladie peut apparaître comme un signe d'espoir, qui entretient un suspense sur l'issue de la pièce. II. Une progression insolite Le rôle des didascalies La notion de didascalies ne désigne pas seulement, selon une définition courante et restrictive, les indications d'espace ou de jeu. Elle inclut toute la part du texte de théâtre qui n'est pas dialogue, c'est-à-dire qui n'est pas destinée à être dite par les personnages. Le titre, la détermination générique, les divisons en actes et tableaux, les noms des personnages en font partie et ces données chez Ionesco sont capitales. [...]

[...] La pièce fonctionne donc à vide, sans orientation. La vie des personnages est mécanique, répétitive, dépourvue de justification et de signification ; pour ainsi matérialiser sur la scène ce vide existentiel. Le plaisir du spectateur, ou du lecteur, tient à ce que La Cantatrice Chauve offre le piquant d'une pièce bien faite sous les apparences d'une bouffonnerie anarchique (Paul Vernois). En effet, dans son ouvrage La dynamique théâtrale d'Eugène Ionesco, Vernois voit dans La Cantatrice Chauve une pièce kaléidoscopique proposant des séquences qui se suivent et se répartissent, comme les images d'un kaléidoscope, en dessins harmonieux, en symétries rigoureuses ; un simple mouvement suffit à détruire l'équilibre précaire, mais recompose aussitôt un autre ensemble cohérent. [...]

[...] D'un tableau à l'autre, l'espace se rétrécit progressivement : on passe de la ville au bureau aux deux chambres. Les dix-sept personnages de l'acte I se réduisent à six, puis à quatre, trois, deux et un seul. Ce resserrement contraste avec l'amplification de l'épidémie : la place de l'homme est symboliquement de plus en plus réduite, et inversement proportionnelle à celle des animaux. Ionesco utilise dans son théâtre deux structures temporelles radicalement différentes. Il joue donc, comme nous l'avons vu, sur la circularité, pour suggérer un mouvement perpétuel, un éternel recommencement. [...]

[...] La chute de l'histoire, où la grand-mère attrape un rhume, n'a d'autre intérêt que de refermer l'anecdote sue elle-même, en une composition circulaire qui sera celle de la pièce entière, de condamner ainsi la parole à une sorte de fonctionnement autarcique, coupé du réel, et de renvoyer au titre provocateur de l'œuvre, puisque le rhume en question n'a rien à voir avec le déroulement de l'histoire racontée. Ici la pièce ne finit pas, puisque comme dit Ionesco : elle recommence Cette forme circulaire (on revient au début) annule l'action, conjugue l'impossibilité de trouver un dénouement, car il n'y a rien à résoudre parce que les personnages et l'intrigue sont quasi nuls. La substitution des Martin aux Smith, souligne encore plus le néant des êtres, interchangeables et leurs comportements identiques. [...]