Dans Cinna, de Corneille, le personnage éponyme (qui donne son nom à l'œuvre), décide dans l'acte I de tuer l'empereur, Auguste, à la demande d'Émilie qui ainsi vengera son père. Auguste est présenté comme tyrannique : il est à l'origine de plusieurs assassinats lorsqu'il est arrivé au pouvoir. La scène un de l'acte II change radicalement la vision que nous avions de lui. Il apparaît comme beaucoup plus humain, et se demande s'il ne ferait pas mieux d'abdiquer.
En quoi cette scène montre-t-elle la délibération d'un homme de pouvoir qui s'interroge sur la meilleure conduite à tenir ?
[...] Le personnage historique d'Auguste a réellement eu cette discussion au début de son règne. Corneille imagine une discussion similaire avec d'autres personnes ultérieurement. Le souverain délègue totalement son pouvoir : Prenez sur mon esprit le pouvoir qu'ils ont eu L'impératif est employé à plusieurs reprises : Prenez ne considérez Traitez-moi Auguste se met au même niveau que ses amis ; son humilité est visible dans sa façon de considérer sa grandeur : pesante à moi-même L'opposition entre l'homme et l'empereur est visible vers 399. [...]
[...] Et pourtant, à ces caractéristiques de chacun, s'oppose sa façon de mourir : cruelle, barbare est aux antipodes de aimé, tranquille dans le même vers, tandis que débonnaire du vers 383 va à l'encontre d'« assassinat qui révèle que César n'était pas aimé du peuple. Si Auguste a fait venir ses amis, c'est qu'il n'a aucune certitude sur ce qu'il va faire. Il prend donc de la distance par rapport à cet exemple : Mais l'exemple souvent n'est qu'un miroir trompeur Cette métaphore montre que l'on ne peut pas toujours avoir confiance dans les choses passées L'exemple historique n'est pas obligatoirement un argument d'autorité. Auguste met l'accent sur l'aspect aléatoire des situations : Et par où l'un périt, un autre est conservé III. [...]
[...] Le terme ami diverge de celui de Souverain dans les deux hémistiches du vers. L'énumération montre le pouvoir absolu dont Maxime et Cinna sont dotés : Rome, Auguste, l'État ou encore l'autre énumération accentuée par la conjonction de coordination au début de chaque élément : et l'Europe, et l'Asie, et l'Afrique Les deux personnages peuvent voir une influence décisive sur l'avenir de l'État ; la monarchie peut devenir République La simplicité d'Auguste atteint son paroxysme se paroxysme lorsqu'il affirme : je veux être Empereur, ou simple Citoyen Conclusion : Ainsi cette scène rend Auguste beaucoup plus sympathique ; il reconnaît avoir commis des crimes pour accéder au pouvoir, mais il envisage de quitter celui-ci. [...]
[...] Auguste accepte de se confier à ses deux amis, mais écarte la troupe des courtisans. Il fait un bilan du pouvoir important qu'il a ; ceci est accentué par l'utilisation des majuscules à : Terre à l'Onde au Monde D'autre part, il utilise une allitération en au vers 357 à 359 ; c'est une façon de rendre son discours emphatique et ainsi de montrer sa grandeur. Il revient brièvement sur ses fautes passées bien sûr tant de peine et de sang mais insiste surtout sur l'inconvénient d'être au plus haut du pouvoir. [...]
[...] Les vers 372 à 376 mettent l'accent sur l'aspect négatif du pouvoir comme le montre l'isotopie (le champ lexical) du déplaisir : soucis alarme trouble II. Vers 377 à 392 : exemples politiques récents Pour justifier son propos, Auguste emploie un exemple d'histoire récente. Il est le fils de César, qui a été assassiné en place publique. En exprimant ce fait, Auguste nous fait comprendre qu'il risque de finir ainsi (et le spectateur sait que Cinna et Maxime préparent une conspiration, l'empereur a donc raison de penser cela). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture