Cinna, Polyeucte, Pierre Corneille, littérature, amour, amour parfait, amitié, dilemmes, martyre, Pauline, Emilie, mariage, séduction, monologue, tirade, métaphore, XVIIe siècle, triangle amoureux
L'amour dans la littérature est parmi les topoï les plus sollicités. Le lecteur aime lire une histoire d'amour, et l'écrivain ne peut envisager une intrigue sans que l'amour en soit le motif, la visée même de ses personnages. Sous la plume de Corneille, l'amour est expérimenté, mis à l'épreuve, il est tantôt sacralisé jusqu'à la démesure, tantôt réduit aux jeux des dilemmes : un x qui aime y qui aime z, ou un x qui aime y qui doit mourir pour prouver son amour.
Dans notre corpus, composé de deux tragédies de Corneille, Cinna et Polyeucte, l'amour est au rendez-vous dans toutes ses formes. Cinna, le personnage éponyme de la première pièce, est un outil de vengeance et un objet d'amour pour Émilie. Polyeucte, lui, se convertit au christianisme dans une Rome païenne, se propose comme martyr pour l'amour divin. Mais le réseau de l'amour est trop complexe dans les deux pièces.
[...] La pièce de Cinna finit dans l'amour. Livie parlant aux insurgés repentis et à Auguste ; dernière page, elle dit : Aucun lâche dessein, aucune ingrate envie N'attaquera le cours d'une si belle vie, Jamais plus d'assassins, ni de conspirateurs : Vous avez trouvé l'art d'être maître des cœurs. Rome, avec une joie et sensible et profonde, Se démet en vos mains de l'empire du monde ; Vos royales vertus lui vont trop enseigner Que son bonheur consiste à vous faire régner ». [...]
[...] On passe ainsi de la vraisemblance de l'amour au réalisme amoureux. La vraisemblance dans la tragédie classique impose aux dramaturges de donner une impression de vérité. Corneille peint le sentiment amoureux dans toutes ses complexités avec trop de réalisme. Chez Racine, par le choix même de l'être aimé, les personnages deviennent coupables. C'est là une constante : l'amour racinien est une faute, car il coïncide avec la transgression d'une loi ou d'un tabou. Maxime, malgré sa trahison, Pauline malgré son cœur qui n'arrive pas à trancher . [...]
[...] L'amour courtois au Moyen Âge et qui garde sa trace dans la littérature du 17[e] siècle, est une conception de l'amour qui repose sur le désir, les chansons en bas des fenêtres. Chez Emilie et Corneille, C'est l'amour en action. Emilie dit vers 33, page 41 : « Et, quoi qu'en ma faveur ton amour exécute » Le choix du verbe exécuter, il est vrai, rime avec « sa chute » du vers suivant, mais sa portée étymologique en dit trop. Exécuter ne signifie pas seulement réaliser, mais achever sa réalisation. Cinna, étant amant d'Emilie doit s'adhérer à cet amour : le mot et la chose de l'amour. [...]
[...] C'est l'essence du dilemme, dit cornélien. Le dilemme cornélien pour dire qu'il n'y a pas d'amour heureux Corneille ne laisse pas une relation d'amour sans l'exposer à une situation de dilemme : l'amour contre le devoir, l'amour divin contre l'amour terrestre, et l'amour de l'un face à l'amour de l'autre. Amour et devoir : quand « aimer » signifie « agir » Quand l'amour et confronté au devoir, chez Corneille, c'est tout l'élan du personnage qui est mis en avant. [...]
[...] L'amour n'était toléré que s'il est infécond. Donc, quand on lit Cinna et Polyeucte, on doit interpréter les relations d'amour et d'amitié, de mariage, dans leur contexte. Voilà en gros comment était la société à travers la bouche de Polyeucte : Page 134 ; [v.1665] {Acte Scène Polyeucte} « Des crimes les plus noirs, vous souillez tous vos dieux Vous n'en punissez point qui n'ait son maitre aux cieux La prostitution, l'adultère, l'inceste Le vol, l'assassinat, et tout ce qu'on déteste ». [...]
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