Inspiré par la Jeunesse du Cid de Guilhem de Castro, Corneille écrit Le Cid en 1636. Ce texte remportera un grand succès et assurera sa consécration. Rodrigue, le Cid, est le fils de Don Diègue et l'amant de Chimène, la fille de Don Gormas, qu'il a prévu d'épouser. Dans une dispute, Don Gormas gifle Don Diègue, mais celui-ci, trop vieux pour se battre, confie à son fils le soin de le venger.
Dans la scène 6, on voit que Rodrigue se retrouve avec un grand dilemme : tue Don Gormas offfenserait Chimène, mais ne pas venger son père aboutirai au déshonneur. On analysera ce monologue en travaillant le dilemme de Rodrigue, l'angoisse du héros et la progression du monologue.
Une des caractéristiques du héros cornélien est qu'il se retrouve face à un dilemme entre l'honneur et l'amour, et chez Rodrigue, ce dilemme est très net. Rodrigue ne peut désobéir à Don Diègue pour deux raisons : d'une part, comme dans toute société patriarcale, il doit obéir au père, et d'autre part, l'acte de Don Gormas a été injuste et Rodrigue doit sauver l'honneur de sa famille ; la vengeance serait donc juste.
[...] J'attire ses mépris en ne me vengeant pas (v.34) Et l'autre indigne d'elle (v.36) D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison ! (v.44) Rodrigue dans ce monologue représente très clairement le héros cornélien puisqu'on retrouve ici le dilemme caractéristique entre l'honneur et l'amour. Dans ce monologue on a appris ce dilemme, on a vu sa souffrance, puis la progression dans son raisonnement, l'éclaircissement du doute. De même, la décision que prend Rodrigue est un acte héroïque puisqu'il décide de sacrifier son amour en faveur de son honneur. [...]
[...] Il y a toute une série de figures de style que Corneille emploie pour montrer ce dilemme de Rodrigue. Ce sont des figures qui montrent une hésitation, un passage de l'honneur à l'amour, un balancement en quelque sorte : L'emploi des conjonctions de coordination exprime cette idée de dualité, liée au double choix de Rodrigue : Et (v.4-5-10-13-22-25-36-57) et ou (v.15-16-23-53) Le chiasme aux vers 9-10 En cet affront mon père est l'offensé/ Et l'offenseur le père de Chimène). De même contre (v.12) montre l'opposition entre l'amour et l'honneur. [...]
[...] mortelle (v.2) coup qui me tue (v.6) trépas (v.31) mourir (v.39, v.41) mourons (v.40) mal (v.44) Cette souffrance est aussi marquée par la ponctuation et le lyrisme du o l'omniprésence du je et par le possessif. Il se pose des questions puisqu'il ne sait que faire et il s'indigne face à la pensée qu'il a eu du suicide. Je (v.5-V.11-v.32-33-34-52-53-54-55) mon (v.5-7-11-17-27-29-32-35-39-45-49-52-54-59) ma (v.15-23-28-30-38-41-42-43-44-48-52) Et l'offenseur le père de Chimène ! (v.10) Que je sens de rudes combats ! (v.11) Faut-il laisser un affront impuni ? (v.19) M'es-tu donné pour venger mon honneur ? (v.29) Mourir sans tirer ma raison ! (v.41) Rechercher un trépas si mortel à ma gloire ! [...]
[...] (v.43-44) et on retrouve le champ lexical de la gloire mis en parallèle avec la thématique de l'honneur perdu : gloire (v.42) honneur (v.44) mémoire (v.43) ma gloire ternie (v.23) indigne (v.24) infidèle (v.35) Entre le début et la fin de ce monologue, on retrouve une évolution, une progression dans son raisonnement. Les premiers vers marquent très clairement l'indécision du héros comme on a vu auparavant. L'un m'anime le cœur, l'autre retient mon bras (v.14) Mais peu à peu l'idée de la vengeance se profile et Rodrigue passe de l'état de constatation de son malheur, aux interrogations. Faut-il laisser un affront impuni ? Faut-il punir le père de Chimène ? [...]
[...] (v.19-20) On dirait que ce sont presque des interrogations rhétoriques, le spectateur a l'impression que pour Rodrigue, la vengeance est inévitable. On ne peut pas laisser un affront comme cela. Les termes impuni et puni montrent l'idée de châtiment ; le père de Chimène a fait quelque chose de mauvais et il mérite qu'on le punisse. Dans les dernières strophes Rodrigue pense même au suicide il vaut mieux mourir au trépas (v.31), puis il décide de sauver du moins (v.49) l'honneur de sa famille et de son nom. [...]
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