- On peut d'emblée signaler que le troisième sonnet est directement lié aux précédents : en effet, Jésus poursuit ici le monologue qu'il a commencé dans les premiers sonnets de la série...
- Le discours du Christ s'ouvre sur une apostrophe : "Immobile Nécessité".
De fait, Jésus n'est pas entendu des disciples qui dorment (cf premier sonnet), si bien qu'il en est réduit, dans sa misère et sa solitude, à invoquer des figures abstraites susceptibles d'orchestrer le monde à la place de Dieu (...)
[...] L'ensemble du sonnet donne ainsi le sentiment de l'absurdité de l'existence de l'homme à la surface de la terre, car il n'y a ni Dieu ni causalité ; l'homme se trouve face à la mort Le style paratactique, l'accumulation des deux premiers vers montre que Jésus ne sait pas trop vers qui, vers quoi se tourner D'ailleurs, comme on va le voir, tous ses appels au secours tombent dans le vide ; ceci est particulièrement palpable dans le 1er vers, puisque le destin est qualifié de muette sentinelle : Jésus est bel et bien seul face à lui-même. Dans le v la modalité exclamative exprime une sorte de cri du cœur de Jésus, qui apparaît très humain dans ce sonnet, et même dans l'ensemble du Christ aux Oliviers Les points de suspension, au cœur du vers, créent un effet suspensif et introduit une forte pause qui met en valeur la vanité des appels du Christ. [...]
[...] Dans ce vers 10 toujours, on peut noter l'antithèse vivre »mort ; ces deux termes sont d'ailleurs tous deux en fin d'hémistiche, sous l'accent. Aussi le lecteur a-t-il le sentiment d'un Christ entre la vie et la mort, précisément. On a aussi ici l'image d'un Christ impuissant qui, désespéré, se tourne en vain vers un Dieu qui constitueraient en fait l'ultime recours à son désespoir. Jésus, lui, sent la mort venir et ne peut rien faire pour la contrecarrer, l'éviter, d'où une dimension tragique et pathétique très affirmée. [...]
[...] vient briser le déroulement de la phrase et résonne comme un cri de désespoir. C'est le comble, l'apogée du pathétique Dans les deux tercets, Jésus apparaît comme une personne très humaine, dans son désarroi On trouve bien sur tout un champ lexical de la douleur dans ces deux derniers vers. Le pathos culmine, tout en jouant sur la reprise de termes déjà mentionnés dans les vers précédents, avec quelques variantes cependant : pleurer souffrir je meurs tout va mourir Au vers 14, on trouve d'ailleurs deux occurrences du verbe mourir à chaque fois placés sous l'accent, ce qui forme un écho très poignant. [...]
[...] Dans la suite du quatrain, le rythme prend de l'ampleur : la phrase s'étire du v 2 au v6. Tous ces enjambements confèrent au Hasard un caractère inquiétant, menaçant La menace est en quelque sorte d'autant plus sournoise qu'elle s'avère progressive ; cet aspect est soutenue par l'emploi du participe présent t'avançant et des expressions telles que par degrés l'univers pâlissant Dans les deux quatrains, de nombreux termes connotent la mort, la destruction ; on trouve ainsi tout un réseau lexical renvoyant au froid : neige éternelle refroidis soleils éteints froide Nécessité On a presque l'impression d'un chaos, d'une fin du monde : mondes morts neige éternelle, univers pâlissant monde qui meurt soleils éteints En tous cas, s'il ne s'agit peut-être pas d'une sorte d'Apocalypse, le Christ et Nerval en filigrane est ici aux prises avec une expérience limite. [...]
[...] Lettres Explication de texte linéaire Le Christ aux Oliviers sonnet 3 Nerval, Les Chimères Rappel du texte commenté : Immobile Destin, muette sentinelle, Froide Nécessité ! . Hasard qui, t'avançant Parmi les mondes morts sous la neige éternelle, Refroidis, par degrés, l'univers pâlissant, Sais-tu ce que tu fais, puissance originelle, De tes soleils éteints, l'un l'autre se froissant . Es-tu sûr de transmettre une haleine immortelle, Entre un monde qui meurt et l'autre renaissant ? . Ô mon père ! [...]
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