Chrétien de Troyes écrit Le Chevalier au lion ou le roman d'Yvain entre 1177 et 1181. Dans ce roman, les aventures du jeune chevalier Yvain se déclenchent par le récit de son cousin de l'une des mésaventures. Calogrenant annonce à la cour du roi Arthur qu'il va conter une aventure malheureuse qui lui est arrivée des années plus tôt, lors de laquelle il n'a accompli aucun exploit. Alors qu'il est en quête d'aventures, il rencontre un être étrange qui est gardien de taureaux. Comment le portrait qui est donné de ce personnage en fait-il l'archétype de la laideur ? Quel est le rôle de ce personnage ?
Dans un premier temps nous verrons que ce portrait fait l'apologie de la laideur, puis que cet homme est rapproché du monde animal et qu'il permet de dresser un portrait en comparaison avec son interlocuteur, le chevalier Calogrenant.
I - Un portrait effrayant.
1) Contraste avec l'épisode précédent.
Errant à la recherche d'aventures comme il est de coutume pour les chevaliers, Calogrenant reprend le fil de ses pérégrinations et se sépare de ses hôtes, un vavasseur et sa fille. Ceux-ci l'ont reçu fastueusement et très courtoisement. La rencontre qui attend le chevalier est d'autant plus troublante qu'elle tranche avec le lieu qu'il vient de quitter. La transition est signalée dans le texte par un changement des lieux aux vers 276 et 277 : « L'ostel gaires eslongié n'oi / Quant je trouvai en .i. essars ». L'atmosphère tranche avec le royaume richement entretenu du seigneur ; la nature redevient sauvage et sa pauvreté ressort par l'emploie du terme « essars », qui marque la limite entre le monde civilisé et le monde de la sauvagerie (représenté par la forêt). Calogrenant est sur le chemin de l'aventure. Chrétien de Troyes amène sa rencontre avec le gardien de taureaux en suivant trois étapes, la première étant cette ambiance effrayante dans laquelle Calogrenant se retrouve. (...)
[...] Em piés sali li vilains lués Qu'il me vit vers lui aprochier. Je ne soi s'il me vaut touchier, Ne ne soi qu'i voloit emprendre, Mais je me garni de deffendre Tant que je vi quë il s'estut Em piés tous drois, si ne se mut, Et fu montés deseur un tronc, S'ot bien .XVii. piés de lonc ; Si m'esgarda et mot ne dist, Nient plus c'une beste feïst ; Et je quidai quë il n'eüst Raison, ne parler ne seüst. [...]
[...] On remarque que chaque animal cité est apparenté au monde sauvage ; se sont soit des animaux massifs, soit petits mais ils sont tous sauvages. La caractéristique physique de chaque animal est reprise dans le portrait et devient monstrueuse quand elle est appliquée à l'homme. Le portrait que s'imagine le lecteur est celui d'une créature monstrueuse, comme une accumulation de races d'animaux en un seul être. Le gardien de taureau cumule les traits d'animalité ce qui laisse supposer à Calogrenant qu'il en est de même quant à son comportement. [...]
[...] Son apparence va de pair avec son attitude sans merci vis-à-vis des taureaux. Son emprise sur les taureaux. En effet le gardien des taureaux dit lui-même qu'il est le seigneur de ses bêtes, au vers 353 : Ainsi sui de mes bestes sire Son occupation est donc de garder en ce lieu sauvage et défriché ces créatures sauvages. Il vit au cœur même d'un monde de sauvagerie et y parvient car il est doté d'une force surhumaine qui lui assure la soumission des taureaux. [...]
[...] Chrétien de Troyes amène sa rencontre avec le gardien de taureaux en suivant trois étapes, la première étant cette ambiance effrayante dans laquelle Calogrenant se retrouve. Ensuite, l'auteur conditionne le lecteur à une rencontre effrayante en plaçant le chevalier dans ce nouvel univers. La sauvagerie du lieu est accompagnée par celle de ses occupants sauvages et esperars qui effraient Calogrenant. Les termes qui désignent les lieux essars et les taureaux sauvages qui habitent ce lieu esperars sont en fin de vers et riment ensemble ce qui accentue très clairement le lien qui est fait entre les habitants du lieu et ce monde nouveau. [...]
[...] Son statut de gardien. Le rôle du gardien dans le récit. Conclusion. Introduction : Chrétien de Troyes écrit Le Chevalier au lion ou le roman d'Yvain entre 1177 et 1181. Dans ce roman, les aventures du jeune chevalier Yvain se déclenchent par le récit de son cousin de l'une des mésaventures. Calogrenant annonce à la cour du roi Arthur qu'il va conter une aventure malheureuse qui lui est arrivée des années plus tôt, lors de laquelle il n'a accompli aucun exploit. [...]
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