Les Choses ont été écrites par Georges Pérec en 1965, c'est-à-dire trois ans après la fin de la guerre d'Algérie. Tout au long de l'œuvre, on assiste à une véritable hypermnésie, à un souci du détail de la mémoire par l'utilisation d'énumérations et d'accumulations à outrance en ce qui concerne les objets et la consommation. Les personnages poursuivent une quête caractéristique de leur époque, de la société de consommation. Sans cesse, Georges Pérec énumère les objets présents dans leur appartement, dans les magasins, dans tous lieux qu'ils visitent. Il énumère également leurs rêves. Cependant, lorsqu'il s'agit d'histoire, il s'avère que la description devient moins précise, comme s'il s'agissait là d'une amnésie, d'un trou de mémoire.
[...] Les événements, précis, sont pourtant bien là. Bien que les personnages cherchent à prendre de la distance par rapport à cette guerre, bien qu'ils ne se sentent pas concernés, le conflit algérien semble omniprésent dans leur vie durant deux ans. Le fait de l'oublier, ou du moins, de tenter de penser à autre chose, comme aux vacances, renforce le fait que cette guerre a marqué cette génération. Pourtant, la société de consommation, plus importante que la guerre, fait tomber dans l'oubli les éléments historiques et politiques par un attrait compulsif pour les choses, c'est-à-dire, la consommation sans fin. [...]
[...] Alors ils tentent de l'oublier et son souvenir disparaît. Restitution de l'histoire d'une génération par l'utilisation de la mémoire et de l'oubli Si pour Jérôme et Sylvie, cette guerre apparaît comme un souvenir éphémère, pour l'auteur, Georges Pérec, il s'agit là d'une véritable tentative de montrer la guerre telle qu'elle a été vécue et perçue, mais aussi de montrer de quelle manière le souvenir persiste, faisant de cet extrait des Choses une allégorie du souvenir de la guerre d'Algérie. Une tentative de montrer la guerre Georges Pérec profite du souvenir de Jérôme et Sylvie pour dresser la description de cette guerre. [...]
[...] Dans cet extrait, la guerre d'Algérie entraîne d'abord l'oubli du quotidien, de la vie habituelle des personnages. Il s'agit de l'impact qu'a ce conflit sur la vie de Jérôme et Sylvie. Leur engagement, bien que réel, n'apparaît que superficiel, montrant à quel point les personnages tentent déjà de prendre de la distance par rapport aux événements. Rapidement, ces souvenirs s'estompent. Les personnages se souviennent de leur envie d'ailleurs, de leur besoin de fuir cette guerre, de l'oublier. Oubli de la vie telle qu'elle était : l'impact d'une guerre Dès le moment où les mots guerre d'Algérie (l.24) apparaissent, les personnages oublient, le temps de ce souvenir, leurs obsessions de consommation et préoccupations coutumières (l. [...]
[...] 111) dans cette guerre, essayant même, lors de manifestations, de parler d'autre chose (l. 114). En effet, pour eux, leur vraie vie était ailleurs (l.134). Ils ont d'ailleurs eux-mêmes conscience que leur engagement n'était qu'épidermique (l. 86). Si la guerre d'Algérie a su temporairement éloigner les personnages de leur quotidien, elle semble rapidement les y renvoyer. Volonté chez les personnages d'oublier cette guerre Le souvenir de la peur va rapidement modifier le sens des énumérations. Elles vont devenir une succession de pensées liées à l'« exil (l. à la fuite. [...]
[...] Il y a donc là un besoin de la part des personnages de prendre de la distance par rapport à la guerre d'Algérie. Jérôme ira jusqu'à se faire réformer ne se sentant absolument pas concerné par ce conflit. Pourtant, déjà, on aperçoit une progression dans la mémoire des personnages. Cela commence par l'apparition de F.L.N. (l.14), et se poursuit par la mention du nom de ce conflit : c'est la guerre d'Algérie (l. 24). À partir du moment où l'événement historique est nommé, les personnages retrouvent la mémoire. [...]
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