Choix de la polyphonie, enjeux de la polyphonie, Jacques Le Fataliste, Diderot, voix narratives, genre théâtral
Romans, essais philosophiques, critiques d'art, lettres : l'œuvre de Diderot est très variée. Mais celui que l'on pourrait qualifier de touche-à-tout est également l'auteur de pièces de théâtre, comme Le Fils Naturel en 1757. C'est sans doute cette dernière passion qui explique la dimension quelque peu théâtrale présente dans Jacques Le Fataliste, et exprimée en partie par le caractère polyphonique de l'œuvre.
[...] Enfin, le choix de la polyphonie n'est pas anodin, mais choisi. Il ne retire pas forcément au roman sa cohérence, mais est source de richesse dans la mesure où il ne met pas en valeur une seule vérité, mais plusieurs. Il permet la mise en garde de Diderot au lecteur qui veut en faire un être actif, réfléchi, et critique. Autant de raisons pour Diderot de rompre avec la convention de l'époque, de détourner le goût du roman et de ses attentes, de mettre sa plume au service d'un lecteur attentif, à la quête du vrai. [...]
[...] C'est le cas de Michel Kerautret, par exemple, qui écrit dans La littérature française du XVIIIe siècle : De cette polyphonie résulte une impression de fouillis, où la logique habituelle du roman disparaît, la convention est bousculée, les limites du et du cessent d'être distinctes : seul subsiste un confus Et l'adoption de ce point de vue pourrait en effet s'expliquer à juste titre, par exemple lorsque le Narrateur commence l'histoire de Gousse, qui englobe celle de Prémontval et de Mademoiselle Pigeon, il se met alors à engager la conversation avec son lecteur au sujet de la personnalité de Gousse, reprend le récit du voyage de Jacques, le maître conte alors la mort de Socrate, pour ensuite laisser la parole à Jacques qui poursuit l'histoire de ses amours, puis le Narrateur reprend le cours de l'histoire de Gousse qui se met elle-même à nous faire le récit de la pâtissière et de son amant Il s'agit bien d'un foisonnement de récits difficiles à suivre selon chacun Comme le dit lui-même le Narrateur dès la quatrième ligne du roman, comme pour nous avertir : Est-ce que l'on sait où l'on va ? B. La variété pour contrer la monotonie Certes, Diderot sait où il va. D'abord, peut-être la polyphonie évite-t- elle la monotonie d'un discours à une seule voix, sans question ni réponse. Ensuite, elle permet l'intervention d'une diversité de personnages, donc de points de vue, de modes de pensée, et aussi de styles différents. Chaque narrateur a son propre langage, sa propre manière d'être Cela apporte à la fois à l'effet réaliste de l'œuvre et à son dynamisme. C. [...]
[...] Le choix de la polyphonie et ses enjeux dans Jacques Le Fataliste ? Romans, essais philosophiques, critiques d'art, lettres : l'œuvre de Diderot est très variée. Mais celui que l'on pourrait qualifier de touche-à- tout est également l'auteur de pièces de théâtre, par exemple Le Fils naturel en 1757. C'est sans doute cette dernière passion qui explique la dimension quelque peu théâtrale présente dans Jacques Le Fataliste, et exprimée en partie par le caractère polyphonique de l'œuvre. Quelles sont les principales voix qui interviennent dans cet ouvrage ? [...]
[...] le thème de l'infidélité), ce qui développe l'esprit critique du lecteur. Diderot invite également le lecteur à la méfiance et à la distanciation face aux récits à provenance incertaine voire inconnue : ne pas se fier aux apparences ni au jugement d'autrui, car, tel le déclare Jacques : Si l'on ne dit presque rien [ ] qui soit entendu comme on dit [ ] on ne fait presque rien qui ne soit jugé comme on l'a fait D. Le choix d'une double expression pour l'auteur Ce choix de la polyphonie permet doublement à Diderot de s'exprimer : il s'explique à travers le personnage du Narrateur sur sa conception du roman, et nous fait part de ses interrogations (débats) et de ses goûts contradictoires (croyances de Jacques en contraste avec ses réactions) à travers la diversité de ses personnages. [...]
[...] Cependant, si l'on peut distinguer ces narrateurs, ce n'est pas seulement parce que leur identité est annoncée ; c'est aussi parce que chacun a une manière de conter qui est unique, des thèmes de prédilection, un ton propre. Ainsi, ces voix narratives ont une façon bien particulière de se manifester. B. Un style empreint du genre théâtral Premièrement, ces voix sont présentées comme dans un contexte de dialogue constant, au discours direct, comme une mise en forme du dialogue théâtral. En outre, la plupart du temps, le nom du locuteur précède une réplique qu'aucun verbe de parole n'introduit. [...]
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