Se connaître semble important, mais il est cependant difficile d'avancer en ne regardant pas devant soi. Ainsi, comme le souligne André Gide : "La chenille qui chercherait à "bien se connaître" ne deviendrait jamais papillon." La connaissance de soi présuppose la conscience de soi. Il s'agit donc ici de savoir si s'attarder sur son "moi" entrave ou non une amélioration de sa personne.
La quête de la connaissance de soi nous empêche-t-elle d'évoluer ? L'étude de cette problématique sera appuyée par la confrontation entre le livre X des "Confessions" d'Augustin, théologien du Ve siècle, la pièce de théâtre de l'écrivain romantique Alfred de Musset (XIXe siècle), "Lorenzaccio", et l'autobiographie de l'écrivain et ethnologue du e siècle Michel Leiris, intitulée "L'Âge d'homme".
[...] Ainsi, la recherche de la connaissance de soi peut empêcher l'agissement par manque de temps, mais aussi en suggérant de nombreux doutes sur sa personne. Dans Lorenzaccio de Musset, Philippe, homme âgé ayant passé la majeure partie de sa vie à étudier, perd la volonté d'agir et de se soulever contre le Duc avec les autres républicains lors de l'acte III, scène 7. Cependant, l'étude de soi peut avoir d'autres effets. En 1930, Michel Leiris, auteur de L'Age d'homme part en mission ethnologique en Afrique (Dakar-Djibouti) et suspend sa psychanalyse. [...]
[...] De plus, cette prise de conscience peut entraîner une dépression chez le sujet, voir le conduire au suicide. Ainsi, Lorenzo, lors de l'acte scène 7 de Lorenzaccio de Musset, se rend compte de l'échec de sa vie après avoir tué le Duc Alexandre et ceci le pousse à un quasi-suicide : je suis plus creux et plus vide qu'une statue de fer blanc Également, lors des Confessions de Saint Augustin, celui-ci analyse constamment son passé, ses actes et ses pensées. [...]
[...] S'observer, et notamment ses actes et ses pensées antérieures, permet de prendre conscience de ses échecs. Ainsi, on peut tirer les leçons du passé et ne pas faire les mêmes erreurs. De plus, ceci peut aider à mieux supporter et mieux traiter ses problèmes actuels grâce à l'expérience acquise. Ainsi, Michel Leiris, après se prise de conscience de certaines craintes décide de suivre une psychanalyse. De plus, l'écriture de L'Age d'homme lui procura un phénomène de catharsis. Il se libéra ainsi de certains de ses problèmes ou au moins les regarda sous un nouvel angle. [...]
[...] Ainsi, la quête de la connaissance de soi peut conduire au narcissisme. En effet, par souci d'orgueil, l'homme cherche souvent à diminuer ou à ignorer ses défauts tout en grossissant ses qualités et en se focalisant dessus. Augustin condamne d'ailleurs ce qu'il juge être une des tentations majeures de l'homme : La vanité n'est qu'une honteuse folie (chapitre XXXVI, Les Confessions). Cette vanité, le conduisant à regarder que soi et non ce qui l'entour, le conduit donc à stagner et à rester tel qu'il est avec ses défauts, s'il ne régresse pas. [...]
[...] Ainsi, l'observation de soi et de son passé permet de mieux voir devant soi et d'avancer plus sûrement. La quête de la connaissance de soi permet d'évoluer dans la mesure où elle nous permet de continuer à vivre. Ainsi, elle se révèle bénéfique tant qu'elle ne nous arrache pas à notre vie sociale ou professionnelle et nous guide dans ses travers, qui peuvent être le renfermement sur soi, par narcissisme ou par pessimisme. Une question se pose alors, peut-on vivre heureux sans rechercher la connaissance de soi ? [...]
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