Chêne, le roseau, Anouilh, commentaire, texte
La Fontaine est un célèbre fabuliste du XVIIe siècle qui appartenait au Classicisme, qui prônait un retour aux textes antiques, et s'est en grande partie inspiré des fables d'Esope, auteur antique, pour composer ses propres récits. Ainsi pour écrire sa fable « Le Chêne et le Roseau » La Fontaine s'est inspiré de la fable d'Ésope « Le Roseau et l'Olivier ».
À son tour, l'écrivain et dramaturge Jean Anouilh s'est inspiré de la réalisation de La Fontaine pour donner sa propre version de cette fable, également intitulée « Le Chêne et le Roseau ». Comme l'ont fait ces deux autres auteurs avant lui, Anouilh présente le dialogue entre les deux végétaux, l'un droit et grand c'est le chêne, l'autre petit et souple c'est le roseau, puis une tempête s'abat sur eux, déracinant le chêne mais laissant en vie le roseau qui n'a fait que plier. Pourtant, Anouilh livre ici un apologue avec une morale implicite bien différente : le chêne apparaît noble, alors que le roseau est finalement plutôt mesquin et haineux. Comment Anouilh reprend-il ici ce récit célèbre pour nous transmettre une morale inattendue ?
[...] Le choix d'un discours oral entre le chêne et le roseau s'accompagne d'interjections suivies de l'adverbe Hé bien mais aussi par la première réponse du roseau qui semble d'abord décalée par rapport à la question du chêne, Le pli de la nature humaine ? puisqu'il lui répond en évoquant le temps qu'il fait, reproduisant ainsi une conversation banale et quotidienne. De même, ces répliques jouent sur un mélange de registres de langue et même si elles comportent surtout des termes appartenant à une langue soutenue comme lassé d'aventure ou ramures le chêne parle aussi de marmots terme appartenant à un langage plus grossier. [...]
[...] Enfin nous allons étudier la morale de cette fable. À travers les végétaux, le fabuliste évoque bien entendu deux types d'hommes. Le chêne et le roseau sont personnifiés : ils parlent, le roseau a un regard et le chêne est présenté comme son compère ou un géant faisant un sourire Leur comportement et leurs discours sont caractéristiques d'humains confrontés aux tempêtes symbolisant les événements difficiles, les crises de la vie. En outre, dans leurs propos, les végétaux évoquent les hommes l'humaine nature le roseau fait partie des petites gens et parle de certains orgueilleux l'adjectif orgueilleux nous fait davantage penser à des hommes qu'à un végétal. [...]
[...] Avec Le Chêne et le Roseau Anouilh parvient, à travers un récit à la fois vif et plaisant, à nous transmettre une version plus contemporaine de la fable de La Fontaine tout en faisant quelques clins d'œil amusants à la version originale ; pour ce faire Anouilh renouvelle les caractéristiques des deux personnages et parvient ainsi à nous transmettre une morale réactualisée. Il serait alors intéressant de se demander si, après Esope, La Fontaine et Anouilh d'autres auteurs reprendront, dans les siècles à venir, cette fable pour la remettre au goût du jour et surtout réactualiser la morale. [...]
[...] L'apologue s'ouvre directement sur la critique que le chêne en fait lorsqu'il déclare au roseau : N'êtes-vous pas lassé d'écouter cette fable ? / La morale en est détestable De façon amusante, le déterminant démonstratif cette montre qu'il évident pour la chêne qu'il parle de la version de La Fontaine, le lecteur tout comme le roseau comprennent évidemment la référence. Le chêne souligne également avec tempérament l'usage que les adultes font des fables de La Fontaine lues aux enfants : Les hommes [sont] bien légers de l'apprendre aux marmots. [...]
[...] La fable de Jean Anouilh est dense malgré qu'elle soit relativement courte. En effet on voit bien que cette fable est brève car elle est composée de seulement 31 vers, et joue d'ailleurs sur une alternance de vers brefs et de vers plus longs en alternant tantôt avec les octosyllabes tantôt avec les alexandrins. Cette alternance de vers donne une certaine vivacité à la fable, encore renforcée par la variété des rimes utilisées. En effet, les rimes croisées puis suivies succèdent aux rimes embrassées. [...]
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