Commentaire composé : "Chef d'œuvre inconnu" de Balzac.
[...] Le constat de Poussin « Il est encore plus poète que peintre » semble ainsi la leçon que le jeune peintre reçoit en héritage La fin du Chef d'œuvre inconnu dévoile ainsi l'une des interprétations du titre. Il ne peut réellement s'agir du tableau d'un peintre fictif jeté au feu par son improbable créateur démoniaque. Derrière cette vision fantastique perce une tentative de réhabiliter sa propre création. C'est la nouvelle même, genre peu prisé au début du XIXe Siècle, œuvre mineure, peu rétribuée, destinée à remplir les pages des journaux qui réclame sa place au panthéon des genres artistiques. [...]
[...] Si Balzac a beaucoup retravaillé son récit c'est qu'il souhaitait ainsi donner une cohérence au réalisme qui ne cherche pas à viser l'absolu mais qui en échange arriver à faire voir le monde. Marc Fumaroli en souligne l'ironie lorsqu'il rapproche le suicide de Pollock de celui de Frenhofer et affirme que l'artiste torturé « a obéi au destin prévu par le romancier visionnaire ». [...]
[...] Même les relations amoureuses ne sont pas ni résolues ni claires. Les antithèses de Gilette « aimer / méprise, admire / fais horreur, je t'aime / je te hais » ne reçoivent aucun écho. Enfin après l'ellipse de fin, Poussin a disparu et 0orbus est le seul actant de la dernière phrase. L'adieu de Frenhofer est dédié aux protagonistes comme aux lecteurs et laisse à ce récit une impression d'inachevé. Balzac cherche nettement à orienter sa nouvelle dans la voie du fantastique et cette absence de résolution permet de mieux mettre en lumière la folie et la passion qui sont au cœur de l'intrigue. [...]
[...] La belle courtisane est le sous-titre du tableau donné par son auteur. Frenhofer est décrit par une relative très explicite « qui haletait comme un jeune homme ivre d `amour». De même le champ lexical du corps féminin érotisé est omniprésent dans les propos du vieillard qui pousse l'illusion jusqu'à employer le terme d'« accouplement du jour et des objets. ». La trame du mythe de Pygmalion effleure l'ensemble de ce passage et la tentative de décrire par les mots l'illusion de vie du tableau rappelle la chute qui attend tous les personnages qui tentent de rivaliser avec les Dieux. [...]
[...] Sa nouvelle le Chef d'œuvre inconnu incarne à merveille les méandres de la composition du romancier. Sans cesse remodelée, changeant de nom, de sous-titre, elle fut qualifiée par son auteur de fantastique en 1831, puis de philosophique dès 1832. Ce court récit qui associe deux peintres célèbres du XVIIe Siècle Poussin, Porbus et le personnage totalement fictif de Frenhofer raconte la jeunesse de Poussin et délivre une leçon sur l'art. Au début du romantisme, période où de nombreux jeunes se lancent dans la création et le lyrisme, Balzac se sert de l'Histoire pour délivrer sa leçon d'aîné à cette jeune génération qui cherche l'absolu dans l'art. [...]
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