[...] Au début du récit, le personnage principal est vu par un jeune peintre ambitieux, Nicolas Poussin, venu rendre visite à maître Porbus, un célèbre peintre de cour. Cette rencontre, sur le palier, sert de prétexte à une évocation précise de Frenhofer. Mais l'écriture réaliste glisse vers le fantastique, le vieux peintre devient lui-même un tableau.
[...] Dès le début, le personnage est présenté comme un vieillard (ligne 1). En effet, les marques de la vieillesse sont nombreuses et semblent constituer son principal critère d'identification : un front chauve (ligne 7), une bouche rieuse et ridée (ligne 9), une barbe grise (ligne 10), le visage ... flétri par les fatigues de l'âge (ligne 13), un corps fluet et débile (ligne 16).
La vieillesse est présentée comme dégradante : ternis en apparence par l'âge (ligne 10), flétri par les fatigues de l'âge (ligne 13). Elle se caractérise par la négation, la disparition qui préfigure la mort : chauve (ligne 7), n'avaient plus de cils (ligne 14), quelques traces de sourcils (ligne 15). (...)
[...] Conclusion Au début du Chef-d'œuvre inconnu, Balzac présente, sans lui donner encore son nom, Frenhofer, le peintre qui sera le personnage principal du roman. Nicolas Poussin, que le lecteur a découvert au préalable, se trouve en arrière-plan. Cet extrait met parfaitement en valeur le souci de précision qui caractérise le réalisme revendiqué par Balzac. Le roman se doit d'imiter le réel, d'en rendre compte jusque dans ses moindres détails. Ainsi nous est livré un portrait sans complaisance de la vieillesse. [...]
[...] - le regard omniscient de l'auteur L'expression je ne sais quoi (lignes introduit un glissement de point de vue, permettant au regard omniscient de Balzac d'intervenir : devaient parfois jeter des regards magnétiques au fort de la colère ou de l'enthousiasme (lignes 11-12), ces pensées qui creusent également l'âme et le corps (lignes 13-14). L'impératif Imaginez (ligne placé en tête de phrase, sollicite la connivence du lecteur et marginalise en quelque sorte, Nicolas Poussin. Ce glissement des points de vue accompagne la métamorphose du personnage. Une aura fantastique Peu à peu, l'écriture réaliste glisse vers le fantastique. Si Balzac prend appui sur le réel pour donner vie à son personnage, il transpose pourtant la réalité qui est dépassée dans ce portrait qui frôle le fantastique. [...]
[...] Mais cette intention réaliste n'empêche pas un double glissement : d'une part, le vieillard devient une créature mystérieuse, voire diabolique ; d'autre part, il devient un personnage de Rembrandt, une toile sans cadre. Cette dérive cette métamorphose du réel sont habituels dans les romans réalistes et même naturalistes, comme Zola, par exemple, chez qui le fantastique confine sans cesse à son écriture. En fait, tout se passe comme si le romancier cherchait moins à représenter le réel qu'à nous en donner sa vision en sollicitant notre propre imagination. [...]
[...] Mettez cette tête sur un corps fluet et débile entourez-la d'une dentelle étincelante de blancheur et travaillée comme une truelle à poisson jetez sur le pourpoint noir du vieillard une lourde chaîne d'or, et vous aurez une image imparfaite de ce personnage auquel le jour faible de l'escalier prêtait encore une couleur fantastique. Vous eussiez dit d'une 20 toile de Rembrandt marchant silencieusement et sans cadre dans la noire atmosphère que s'est appropriée ce grand peintre. Rabat : grand col rabattu porté autrefois par les hommes. Ce vieillard s'appelle Frenhofer. Affriande : attire par sa délicatesse. Débile : qui manque de force physique, faible. Truelle à poisson : spatule coupante servant à découper et à servir le poisson. [...]
[...] Les verbes ont tantôt pour sujet le vieillard, tantôt Nicolas Poussin (le jeune homme, ligne préparant le portrait. Le passé simple fait alors place à l'imparfait, temps de la description (flottait et devaient, ligne 11 ; était, ligne 12 - Le contexte du récit Le début du texte pose le cadre spatial de la rencontre : l'escalier (ligne le palier (ligne 4). À la fin du portrait, on retrouve la situation du personnage dans un décor : le jour faible de l'escalier (ligne 19). [...]
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