Le thème principal des Châtiments est l'indignation de Victor Hugo contre le coup d'État du 2 décembre 1851 et ses conséquences, les massacres et les mensonges du prince-président qui n'a pas tenu ses promesses électorales.
Mais dans les deux derniers vers de « Floréal », il porte une accusation supplémentaire contre le tyran et ses complices :
« Soyez maudits, bourreaux qui lui masquez le jour, D'emplir de haine un coeur qui déborde d'amour! ».
Ce poète qui a la vocation de l'amour se voit contraint, par les crimes de Napoléon, de renoncer au lyrisme pour se tourner vers la satire.
[...] Jugeant le lyrisme amoureux déplacé dans un recueil inspiré par une tragédie politique, il en a exclu tous les vers intimes pour les placer ensuite dans Les Contemplations. II. De l'accusation à l'imprécation Les bourreaux du poète Alors que sa véritable vocation est l'amour, Victor Hugo se voit obligé de renouveler constamment ses cris de haine. Ses accusations contre le tyran et le traître sont condensées, par exemple, dans ces quatre vers : Quoi ! les morts, vierge, enfant, vieillard et femmes grosses, Ont à peine eu le temps de pourrir dans leurs fosses! Quoi! Paris saigne encor ! [...]
[...] Les armes de la satire La satire dispose de trois armes : l'ironie, l'indignation et l'enthousiasme vengeur. L'ironie L'ironie sert aussi bien à dénoncer l'injustice qu'à appeler à la vengeance. Ainsi, après avoir rappelé la bonté et le dévouement de Pauline Roland dans la première partie du poème qu'il lui consacre, Victor Hugo commence la deuxième par ces vers : Quand Pauline Roland eut commis tous ces crimes Le sauveur de l'église et de l'ordre la prit Et la mit en prison. [...]
[...] Pour le proscrit pensif la satire est un devoir dont il ne pourra se décharger qu'à la chute du tyran. III. Le devoir de violence Les Châtiments sont certes une œuvre de circonstance, inspirée par un épisode sanglant de l'Histoire, mais Victor Hugo ne s'en tient pas à la dénonciation du coup d'État juste après l'événement ; il continue mois après mois à crier son indignation et à réclamer vengeance, car la France est maintenue dans les fers et dans l'abjection. Pour accomplir ce devoir de mémoire, il utilise toutes les armes de la satire. [...]
[...] Devenu justicier, le poète s'attribue alors la mission sacrée de maudire les bourreaux du peuple. Comme dans La conscience qui devait être le poème liminaire des Châtiments avant de figurer dans La Légende des siècles, et comme dans Sacer esto le châtiment du méchant, qu'il s'appelle Caïn ou Napoléon, est d'être obligé de se courber Sous l'exécration de tout le genre humain L'expression de la haine Même s'il entre plus de colère que de haine dans l'indignation de Victor Hugo, le ressentiment du poète contre Napoléon le Petit utilise néanmoins le langage de la haine, caractérisé par l'abondance et la variété des traits satiriques, de la raillerie à l'insulte et du sarcasme à l'outrage. [...]
[...] Le parti du crime VI, 11) Mais dans Floréal l'accusation se mue en imprécation car les bandits sont devenus les bourreaux du poète. Ils obsède[nt] sa pensée, comme il l'écrit quelques vers plus haut, ils lui masque[nt] le jour symbole transparent de la lumière et de la vérité. L'accusation vise moins les ténèbres de l'exil, l'isolement, l'absence de nouvelles fraîches de la France, que les ténèbres de l'esprit, soigneusement entretenues par la censure, la propagande et cette langue de bois dont les titres des six premiers livres des Châtiments donnent des exemples : famille est restaurée ; stabilité est assurée . [...]
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