Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, Livre III - Chapitre 1, autobiographie, méditation
Commentaire composé semi-rédigé d'un extrait premier chapitre du livre 3 des <em>Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand</em>.
[...] "J'ai marché plus vite qu'un autre" = "je vais mourir plus vite". Il y a l'idée de mort : "les heures fuient et m'entraînent". Cette fuite du temps génère l'angoisse qui n'est pas l'angoisse de la mort mais celle de l'oeuvre inachevée. On retrouve cette angoisse aux lignes 21 et 22, avec les questions qui mélangent le passé et le futur : o Passé : "Ai-je déjà commencé o Futur : "Dans quels lieux finirai-je Cette angoisse tourne autour de son oeuvre : "commencer à les écrire", "les finirai-je" Image du navigateur • L'image du navigateur qui reprend l'image de l'écrivain nous montre que seule l'écriture peut dominer le temps qui passe et les lieux qui s'éloignent. [...]
[...] La réflexion et le passé composé appartiennent alors au présent d'écriture. En utilisant des valeurs différentes du présent, Chateaubriand crée des jeux de miroir entre "hier" et sa "jeunesse". Les trois présents inscrivent l'oeuvre dans la condition humaine ; le lecteur se trouve alors lui-même miroir et témoin d'une expérience particulière. Ce texte comporte des éléments liés au souvenir et d'autres liés à la méditation. C'est le même processus que celui de Proust : le temps perdu parce qu'on l'a oublié est retrouvé et redevient présent. [...]
[...] De nombreuses pages des Mémoires d'outre-tombe proposent des chassés-croisés entre le présent d'écriture et le passé vécu. Ce qui donne la force de l'oeuvre, c'est l'exploitation du souvenir, en particulier de tout ce qu'a pu retenir la mémoire affective. Texte étudié Hier au soir je me promenais seul ; le ciel ressemblait à un ciel d'automne ; un vent froid soufflait par intervalles. A la percée d'un fourré, je m'arrêtai pour regarder le soleil : il s'enfonçait dans des nuages au-dessus de la tour d'Alluye, d'où Gabrielle, habitante de cette tour, avait vu comme moi le soleil se coucher il y a deux cents ans. [...]
[...] Mettons à profit le peu d'instants qui me restent ; hâtons-nous de peindre ma jeunesse, tandis que j'y touche encore : le navigateur, abandonnant pour jamais un rivage enchanté, écrit son journal à la vue de la terre qui s'éloigne et qui va bientôt disparaître. Analyse Les marques de l'autobiographie Durant tout le long du texte, l'auteur emploi le pronom personnel "je". De plus, il n'y a pas de destinataire défini. Mais il y a une allusion à la prospérité : "Mettons", ligne 2 ; "hâtons-nous", ligne 23. Le "nous" représente l'auteur, c'est donc une utilisation étonnante. Cela permet à Chateaubriand de se valoriser. [...]
[...] "Le rivage enchanté", ligne 25 : sa jeunesse. "La terre qui s'éloigne", ligne 25 : est une périphrase de la jeunesse. "Abondant", ligne 24, "qui va bientôt disparaître", ligne 26 : représentent l'arrivée de la mort. Les impératifs ligne 23 intensifient le devoir d'écriture puisque pour lui, l'écriture est la seule survie. Conclusion • Ce texte fait réfléchir à l'autobiographie par le maniement des temps, par les jeux de miroir et par la méditation qui suit automatiquement ces jeux de miroir. [...]
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