Situer le passage : Le livre V de la première partie est tout entier consacré aux débuts de la révolution, aux évènements historiques comme la prise de la Bastille ou aux scènes de la rue dans le Paris enfiévré de l'époque. Un chapitre brosse un long portrait de Mirabeau, que Chateaubriand, séjournant alors dans la capitale, a rencontré deux fois.
Dégager les axes de lecture : Le mémorialiste prend un visible plaisir à souligner les traits caractéristiques d'une puissante individualité, mais c'est pour mieux transformer le personnage en figure symbolique (...)
[...] Dans les deux domaines le portraitiste doit choisir, éliminer, styliser, schématiser, par le biais des comparaisons et des métaphores, Mirabeau devient un lion animal emblématique de la force, de la puissance et de l'énergie, de la suprématie aussi. Le procédé est habituel chez Saint-Simon, mais CH insiste en filant la métaphore : Sa crinière . sa patte, ses ongles (l.8) plus loin, il dira de son modèle qu'il est fils de lion, lion lui-même à la tête de chimère Il s'agit donc de peindre plus par analogie que par un dessin direct : de là l'emploie de formule comme avoir l'air sembler rappeler produire une sorte de figure et 2). [...]
[...] Condamnation des révolutionnaires, dictés par un aristocratisme foncier ? Philosophie de l'histoire, chez un mémorialiste pour qui l'évolution de la société moderne traduit un dépérissement une longue déchéance les portraits sarcastiques de la quatrième partie n'auront pour modèles, au lieu de surhommes, que des êtres dégénérés ? Les balancements antithétiques de la phrase paraissent vaciller entre le passé et le présent, l'éloge et le blâme, comme CH lui-même, homme d'autrefois et de maintenant, voire de l'avenir. Le motif, repris, de la puissance, de l'énormité titanesque, semble néanmoins accorder la palme au Mirabeau héros de l'épopée révolutionnaire, d'avantage Goth que barbare des temps modernes. [...]
[...] Dans les premières lignes du portrait, CH a rappelé l'ambivalence de ce personnage historique, qui fut à la fois tribun de l'aristocratie et député de la démocratie et dont la carrière politique balança, comme celle du mémorialiste, entre les principes révolutionnaires avec le soutient du trône. Autre impression, de puissance : Un physique digne de la fresque du jugement dernier, avec ses figures colossales et tourmentées. La nature c'est faite la rivale de Michel-Ange, elle qui a moulé . taillé (l.6) termes de sculpteur cette tête et ces bras. Une sorte de puissante figure (l.2) de Titan, statufié par le poète : Sombre, laid et immobile (l.12). [...]
[...] Un chapitre brosse un long portrait de Mirabeau, que Chateaubriand, séjournant alors dans la capitale, a rencontré deux fois. Dégager les axes de lecture : Le mémorialiste prend un visible plaisir à souligner les traits caractéristiques d'une puissante individualité, mais c'est pour mieux transformer le personnage en figure symbolique. Le portrait moral : Un portrait littéraire est une description. CH, contrairement à un Balzac, n'attache guère d'importance aux traits physiques du modèle, il entend surtout en percer le secret moral. [...]
[...] Les deux termes s'opposent, l'un s'appliquant à la société organisée, l'autre à l'anarchie des rues. Homme politique et écrivain, CH ne pouvait être fasciné par le tribun révolutionnaire, par la toute- puissance du Verbe sur les foules et les évènements, par un rhéteur qui était un authentique génie pour peut qu'il tirât ses discours de sa propre substance (l.17), c'est-à-dire de sa démesure et de ses ambiguïtés, ces caractéristiques portées à leur paroxysme de l'entre-deux- siècles, du combat titanesque entre le passé et le présent, l'Ancien Régime et le nouveau. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture