Ce document en deux parties traite les sujets suivants :
- "Quelles caractéristiques précises de la nouvelle « Le chat noir » d'Edgar Allan Poe permettent de dire que le narrateur évolue dans une sorte d' enfer ? Justifiez votre réponse à l'aide d'exemples tirés du texte."
- "Dans la nouvelle de Laurent Chabin intitulée « Petit vieux », vous semble-t-il possible de repérer certaines étapes de la quête initiatique du héros ? Si oui, lesquelles ? Comment peut-on interpréter l'impact de cette quête sur le personnage principal ? Justifiez votre réponse à l'aide d'exemples précis tirés du texte."
Extrait : " Au début de la nouvelle, le personnage central parvient à sortir de la rêverie au matin, « quand la raison me revint avec le matin » (page 60), raison matinale mise en opposition à sa « débauche nocturne » (page 61). Le conflit classique entre le jour et la nuit, la raison et l'alcool, la « méchanceté hyperdiabolique » (page 60) et « un sentiment moitié d'horreur, moitié de remords », est visible au commencement du processus de possession. Cependant plus le temps passe et plus l'alcoolisme prend de l'importance dans la vie du narrateur, plus cette opposition faiblit. « Un matin, de sang-froid, je glissai un nœud coulant autour de son cou » (page 61) : le protagoniste voit sa folie violente sortir de la nuit pour le posséder pendant la journée, il évolue dès lors dans un univers infernal à part entière, qui n'est plus un simple rêve lié à sa boisson nocturne. « je ne suis pas fou » ; « je ne rêve pas », nous dit-il pour introduire la nouvelle et demander notre benevolentiae (page 58). La description du glissement de son état depuis le « méchant caractère » (page 60) vers la « perversité » (page 61), longuement décrite par le narrateur, est la clé de voûte du processus de possession."
[...] L'œil du chat est la première chose qu'il va violenter. On peut penser ici au symbole chrétien de l'œil de la Providence, référence à Dieu et à la Trinité. Le geste de l'arracher dans un moment d'égarement, pris d'une fureur de démon (page 60) fait penser à une volonté de se soustraire à la vigilance divine et par là même aux valeurs qui jusque-là régissaient la vie du narrateur, qui insiste tant au début de la nouvelle sur la tendresse de son caractère naturel. [...]
[...] Ces clichés sont traités avec un discours et un raisonnement enfantin, mais il est clair que Robin accepte ici cette quête de la vérité que le monde lui impose, commençant ainsi une véritable quête initiatique. On peut ne peut considérer comme un cheminement d'épreuves les heures que Robin passe, sous le soleil brûlant de l'après-midi, à guetter dans le jardin de ses grands-parents à la campagne différents éléments, notamment le fond du puits. Certes il ressent la brûlure du soleil sur sa nuque (ligne mais sa tâche consiste davantage en une méditation ou une contemplation qu'en une véritable suite d'épreuves. [...]
[...] Il est changé physiquement et son entourage le remarque immédiatement : ses cheveux sont blancs, son front est ridé et son dos est voûté (lignes 129-130). Ce sont des manifestations physiques des changements psychologiques plus profonds encore qui ont été opérés par cette quête chez Robin. Son retour au monde ne passe pas inaperçu : On l'entoure, on s'inquiète, on le questionne (ligne 134), mais Robin refuse de fournir d'explication, comme s'il savait déjà que personne ne comprendrait. C'est précisément dans la sixième étape de son parcours que le petit garçon, devenu un petit vieux échoue. [...]
[...] Deux logiques, rationnelle et infernale, s'opposent au cours de la nouvelle. La logique de l'enfer et du malin l'emporte au bout d'un temps totalement, c'est la fin de la rationalité et de l'humanité chez le narrateur. Lorsque la maison du narrateur brûle, il échafaude une explication rationnelle pouvant expliquer la présence de la forme du chat pendu dans le mur de sa chambre, et cette explication prête à sourire. Cet effet est volontaire : la raison en est à ses derniers efforts pour prendre le dessus sur l'évidence du caractère surnaturel du milieu dans lequel le narrateur évolue désormais, l'enfer : La réflexion vient à mon aide (page 63). [...]
[...] Le nom de l'animal, Pluton, annonce la figure diabolique que l'on voit rapidement apparaître en lui. Pluton est, dans la mythologie romaine, le maître des Enfers et des richesses souterraines ainsi que le juge des âmes. On remarque que ce nom lui a été donné par le narrateur lui-même, en un sens c'est lui qui en a fait ce maître des Enfers : il a inconsciemment voulu qu'il le devienne, pour en être plus tard la victime. Le chat est en grande partie fantasmé dans sa dimension démoniaque, comme une image dont les éléments sont rassemblés par le narrateur lui-même. [...]
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