Commentaire d'un extrait de La chartreuse de Parme de Stendhal. L'extrait proposé est le récit de la bataille de Waterloo vécue par Fabrice, réduit au point de vue limité et fragmentaire du héros, inexpérimenté, téméraire et curieux, pour qui la guerre restera une aventure incohérente, incompréhensible, notamment parce qu'il n'en saisira jamais que des détails.
[...] Les références de ce commentaire sont celles de l'édition du Livre de Poche edition en Livre de poche CODE HACHETTE 3160686 La Chartreuse de Parme, roman de Stendhal, publié en 1839, écrit très vite, en 52 jours et avec un bonheur certain, a pour origine de vieux manuscrits italiens et s'enrichit du projet de raconter la bataille de Waterloo. Le roman s'ouvre sur l'entrée à Milan des armées de Bonaparte à Milan, en 1796 et les chapitres III et IV sont consacrés à la bataille de Waterloo, qui constitue un épisode de l'itinéraire de formation, du héros, Fabrice del Dongo. Comme Stendhal lui-même, Fabrice est un fervent admirateur de Bonaparte. Aidé par sa tante, Gina, il traverse la France pour rejoindre les troupes de l'Empereur à Waterloo. [...]
[...] Les paroles de Fabrice, l à 18 font état d'une satisfaction et d'une fierté déplacées car elles sont en décalage avec la réalité de la guerre. Les remarques des lignes 33 à 37, explicitées par le narrateur, mettent en relief l'association illogique et naïve qu'établit Fabrice entre l'héroïsme et l'aspect physique (un héros a les cheveux et de grosses moustaches jaunes Elle apparaît dans le regard des autres : les hussards le regardent car ils ont vu que c'était un blanc-bec et dans sa réaction de timidité : il rougit lorsque les hussards le regardent, il se sent mal à l'aise (l.39 à 42) Elle apparaît enfin dans le fait que Fabrice a du mal à identifier les forces en présence : les Anglais sont les hommes rouges. [...]
[...] Quelques instants après, Fabrice vit, à vingt pas en avant, une terre labourée qui était remuée d'une façon singulière. Le fond des sillons était plein d'eau, et la terre fort humide, qui formait la crête de ces sillons, volait en petits fragments noirs lancés à trois ou quatre pieds de haut. Fabrice remarqua en passant cet effet singulier; puis sa pensée se remit à songer à la gloire du maréchal. Il entendit un cri sec auprès de lui: c'étaient deux hussards qui tombaient atteints par des boulets; et, lorsqu'il les regarda, ils étaient déjà à vingt pas de l'escorte. [...]
[...] Jamais, moi qui suis si pâle et qui ai des cheveux châtains, je ne serai comme ça, ajoutait-il avec tristesse. Pour lui ces paroles voulaient dire: Jamais je ne serai un héros. Il regarda les hussards; à l'exception d'un seul, tous avaient des moustaches jaunes. Si Fabrice regardait les hussards de l'escorte, tous le regardaient aussi. Ce regard le fit rougir, et, pour finir son embarras, il tourna la tête vers l'ennemi. C'étaient des lignes fort étendues d'hommes rouges; mais, ce qui l'étonna fort, ces hommes lui semblaient tout petits. [...]
[...] Fabrice n'a donc qu'une vision fragmentaire, il ne voit que des détails : la terre labourée par les boulets de canon, deux hussards tués par un boulet à côté de lui, le cheval éventré qui marche sur ses entrailles, la fumée blanche de la batterie à une distance énorme les généraux et leur escorte, le maréchal Ney, les hussards de l'escorte qu'il a rejoint (l. un maréchal des logis, les ennemis dans le lointain puis un groupe de quatre soldats qui viennent les rejoindre. On ne voit donc pas Fabrice en situation de combat mais en spectateur ébahi de la bataille. [...]
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