« La Chartreuse de Parme » est un long roman rempli d'événements, de coups de théâtre et d'aventures. Et pourtant il fut écrit en deux mois à peine. Stendhal le fit paraître en 1839, trois ans avant sa mort. Nous en déduisons donc que cette œuvre lui tenait particulièrement à cœur et qu'il nous transmet là un condensé de ses expériences d'homme et de romancier, une vision personnelle de sa conception de l'homme et de la vie Les deux parties du livre s'ordonnent respectivement autour de la guerre et de l'amour Le jeune aristocrate Fabrice del Dongo, nélevé dans l'admiration fervente de l'Empereur Napoléon par sa tante et sa mère, vit au château de Grianta, près du lac de Côme. La tête pleine de rêves de bravoure et d'héroïsme, il court combattre aux côtés de Napoléon et participe sans rien y comprendre à la bataille de Waterloo
[...] Le héros se trouve ici à un tournant décisif de sa vie, et parvient à analyser assez clairement son bonheur. Fabrice dans sa prison échappe en un sens à l'amour possessif et étouffant de sa tante, la Sanseverina. D'ailleurs sa libération, rendue nécessaire par la tentative d'empoisonnement dont il fait l'objet, sera pleine de mélancolie. La tour Farnèse préfigure la Chartreuse de Parme, ce monastère où se retirera volontairement le héros, après la mort de Clélia, à la fin du roman. [...]
[...] À l'entrée du bâtiment, il a rencontré Clélia et tous deux ont éprouvé les premiers sentiments qui vont les conduire à l'amour. Ce texte nous frappe d'abord par l'importance accordée au paysage, soigneusement composé et longuement mis en scène comme un spectacle unique. Cela est d'autant plus surprenant chez un auteur qui dédaigne toute description matérielle, sauf à des instants privilégiés, où le héros projette ses états d'âme sur l'espace qui l'entoure. Chez Stendhal, la description cherche à dégager l'essentiel des aspirations du personnage. [...]
[...] Nous l'avons déjà dit, on ne peut dans la réalité embrasser un aussi vaste horizon, toute l'Italie du Nord dans sa plus grande largeur. Stendhal nous donne ici une vue aérienne de cet espace, ou une vision de l'aigle. Aux souvenirs se mêle la projection romantique de l'âme sur le paysage qui lui parle. Nous sentons que Fabrice s'exalte face aux Alpes enneigées, s'élève, et son regard se perd dans l'infini. Une communion spirituelle, une sorte d'union s'établissent entre le paysage et son âme. Et l'amour pour la jeune Clélia n'est plus que le symbole de cette union. [...]
[...] Mais là s'écroule le rêve de gloire du héros. Obligé de revenir en Italie, il est accueilli par sa tante qui le ramène à Milan. Devenu suspect et toujours en fuite après le retour des Bourbon, il circule beaucoup, grâce à la protection de sa tante, et connaît des aventures amoureuses sans lendemain. Il est arrêté pour le meurtre d'un comédien. Bien qu'il soit en état de légitime défense, il est poursuivi par la haine de quelques hauts personnages. Dès lors le héros devient aussi immobile qu'il était mobile. [...]
[...] Enfin, nous essaierons de montrer sous quelles formes variées le narrateur se manifeste derrière son personnage. ( ( ( Arrivé en prison, Fabrice a une réaction surprenante : Il courut aux fenêtres ; la vue que l'on avait de ces fenêtres grillées était sublime et il passe plus de deux heures à la fenêtre Voilà une belle occasion pour donner au lecteur une description précise et poétique. Elle sert à la fois à repérer les lieux et à permettre de comprendre l'action qui va se développer par la suite, mais elle introduit, comme nous le verrons dans la deuxième partie, le thème si important du bonheur amoureux en prison. [...]
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