"Charles Demailly" est un roman incontournable des frères Goncourt. L'étude d'un extrait emblématique de l'oeuvre va permettre de présenter les thèmes majeurs du roman à travers la problématique suivante : quel est le rôle de l'écrivain-Artiste dans la société de cette deuxième moitié du XIXe siècle ?
Plan adopté :
I : le "journaliste-écrivain VS l'Artiste, le poète. II : chronique d'une folie annoncée III : chronique d'un naufrage conjugal annoncé.
[...] (l.34-35) Marthe apparaît donc, en tant qu'actrice obnubilée par un succès qu'elle convoîte grâce à la pièce que son mari doit lui écrire, comme le double féminin d'un Nachette lui aussi en quête d'une reconnaissance (littéraire). Et l'on comprend, à la fin de l'extrait, que la situation va complètement basculer, et que Charles est voué à un destin tragique, lorsque Marthe prend la tête de son époux entre ses mains (l.37). Ce geste, symboliquement fort, place Charles à la merci de la jeune femme. On peut même penser, en visualisant la scène, à Hamlet tenant dans ses mains le crâne de Yorrick, un ancien bouffon du roi. [...]
[...] Par ailleurs, Charles, qui considère pourtant l'Amour comme l'ennemi de la création littéraire, s'est laissé séduire par une actrice, Marthe, qu'il épouse. L'extrait que nous allons étudier est un dialogue entre Charles et Marthe, où la vision complexe et douloureuse du chemin que l'écrivain doit emprunter pour devenir un véritable Artiste, se heurte au comportement superficiel et intéréssé d'une Marthe évaporée qui excelle surtout dans l'art de minauder. Il y à travers cet extrait, des mises en abîme successives : celle des frères Goncourt écrivant l'histoire d'un romancier, qui écrit lui aussi un roman, lequel est critiqué dans un journal, sans parler de la présence de Marthe, actrice qui rêve quant à elle d'être la comédienne vedette d'une oeuvre que lui écrirait Charles. [...]
[...] 13) - montre bien que très souvent, les écrivains-journalistes écrivent leurs papiers sans avoir lu une ligne du roman dont ils parlent. L'important est que l'écrivain-journaliste trouve ainsi un biais pour se faire valoir, lui. Pourtant, cet écrivain-journaliste n'est pas dénué de qualités littéraires, qu'il ferait mieux d'utiliser, selon Demailly, à l'écriture, la vraie, d'oeuvres romanseques ou poétiques. Il possède en effet une "ironie pleine de verve" capable qui plus est – et Charles s'en amuse – d'utiliser des verbes peu usités tels que tournebouler. [...]
[...] Il enchaîne en jouant les braves qui se glorifient de déranger, mais admet néanmoins souffrir de son statut ("Et pourtant ce que j'ai souffert . " l.25-26), et encore une fois, la tournure emphatique et les points de suspension accentuent la douleur qui l'étreint. Il ne fait donc qu'osciller entre des états extrêmes qui témoignent d'une absence de sérénité. Ses emphases (" l'homme qui n'a pas été attaqué, injurié, diffamé . je ne voudrais pas être cet homme-là, non l.24-25, "Quand j'en aurai plein la commode, les quatre tiroirs, oh alors . [...]
[...] " l.29-30) sont de ce fait peu crédibles. Dans cette folie annoncée, il y a en outre un élément qui va ajouter à la certitude, que l'on a déjà dans l'extrait, que la fin tragique de Charles est inéluctable. Cet élément peut se résumer ainsi : "c'est la conjonction de deux force maléfiques, celle du petit journal et celle de l'épouse trop tard percée à jour, de l'épouse médiocrement méchante qui va conduire Charles jusqu'à la folie"7Jacsques NOIRAY, "La subversion du modèle balzacien dans Charles Demailly", dans Les frères Goncourt : art et écriture, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux p * Charles Demailly a beau avoir conscience que "le célibat est nécessaire à la pensée"8Charles Demailly, op. [...]
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