« L'idéal et le réel » présente une situation curieuse : la mort d'une femme idéale rencontrée depuis peu, et l'apparition de son opposé, qui lui ressemble beaucoup et le punit de son attachement à la morte. Ce poème, aussi étrange qu'il soit, permet de dévoiler un des thèmes chers à Baudelaire : celui du double. L'intérêt de ce texte repose sur la question de savoir laquelle de ces deux femmes est la véritable et la mise en garde de Baudelaire au lecteur.
[...] L'image du coffre fait penser à un secret enfoui, puisqu'elle enterrée. C'est non moins la beauté de Bénédicta qui semble être enterrée que la femme elle-même. Notons, l'utilisation des mots Inde qui réfère au thème de l'exotisme et bière qui est un homonyme signifiant à la fois un cercueil et un alcool. Le narrateur semble être le gardien du tombeau. mon trésor indique le soin employé par le narrateur pour prendre soin de la sépulture et il est le seul. [...]
[...] Charles Baudelaire, "Petits poèmes en prose" - "[Laquelle est la vraie L'idéal et le réel" Le poème de Charles Baudelaire Laquelle est la vraie a été publié pour la première fois le 14 juin 1863 dans Le Boulevard, puis en septembre 1867 sous le titre posthume L'idéal et le Réel Il fait partie du recueil Le Spleen de Paris, Petits poèmes en prose. On remarque que c'est le seul poème à posséder deux titres : [Laquelle est la vraie L'idéal et le Réel Le premier, à la forme interrogative, est énigmatique et appelle le lecteur à prendre garde et à s'interroger lors de sa lecture. [...]
[...] Ce double étrange et bizarre incite à s'interroger car pour Baudelaire, le beau est toujours bizarre Le rire du double est une fois encore inadapté à la situation puisque l'action se déroule dans un cimetière. Le double agit comme une intruse profanant la tombe. Ses paroles c'est moi rappelant celles du narrateur, sont une résonance ironique. Canaille s'oppose à la noblesse qui animait la première Bénédicta. Le double apparaît comme une vengeresse puisqu'elle punit le narrateur de folie et de [son] aveuglement Le mot folie est étonnant pour décrire l'attitude du narrateur car c'est elle qui agit comme tel. [...]
[...] Rien ne semble avoir provoqué sa mort, mis à part sa rencontre avec le narrateur aussi est-elle morte quelques jours après que j'eus fait sa connaissance après que devient un lien causal. On peut s'interroger si sa mort a un lien avec sa rencontre avec le narrateur, ou si elle n'est pas morte que dans l'esprit du narrateur. L'utilisation à deux reprises de c'est moi-même qui l'ai enterré fait penser à un lyrisme macabre. La mort de Bénédicta au printemps manifeste que même la Nature participe au rituel funèbre. L'emploi de mots à connotations positives : printemps bois parfumé est étonnant car il s'agit d'un enterrement. [...]
[...] Le narrateur devient agressif lorsqu'il est confronté à la perte de Bénédicta. Il y a une analogie avec la muse du poète : alors que la muse antique et disparue est le symbole de l'idéal, la muse moderne est déchue. C'est l'illustration de la relation schizophrénique du poète à la muse et la difficulté à assumer la perte. Ainsi, le narrateur s'enterre lui même, en n'acceptant pas la dualité Bénédicta, pour toujours peut-être indique qu'il y a une issue à la mélancolie. [...]
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