Baudelaire, né en 1827, décédé en 1867, est considéré comme l'héritier du romantisme et le précurseur du symbolisme. En juin 1841, sur décision du conseil de famille, il s'embarque vers les Indes, découvre la mer. Il s'arrête au Mascaraignes (île de la Réunion et île Maurice) puis rentre en France. Baudelaire a vu une scène pendant le voyage qui l'a choqué : des marins s'amusant à faire souffrir, embêter un albatros (...)
[...] On constate donc une cassure de l'élan et de l'envol de la première strophe. La troisième strophe est plus particulière : cette strophe a été rajoutée sur les conseils d'un ami de Baudelaire pour insister sur la souffrance que l'oiseau subit. Le rythme y est saccadé : on observe une césure à l'hémistiche voyageur ailé et naguère si beau Les sons se heurtent, c'est une cacophonie provoquée par une succession de sonorités, un système de contraste entre les idées, la voix monte (protase) puis descend (apodose). [...]
[...] Le terme veule dénote la faiblesse, a une connotation morale : l'albatros est soumis, n'a pas de volonté, se laisse faire. On peut également noter que chaque vers se termine par un adjectif négatif, les termes l'un et l'autre signalent le harcèlement auquel est soumis l'albatros, il n'a pas de répit. Le mot brûle-gueule est familier, c'est une image triviale, vulgaire. Ainsi en introduisant ce terme dans sa poésie, Baudelaire prolonge sa double analogie avec bec et gueule L'oiseau est réduit au statut d'infirme, il boite, on se moque de lui, il est méprisé et affaibli, soumis aux vicissitudes des hommes de l'équipage. [...]
[...] La strophe s'achève sur le mot gouffres les abysses marines, c'est l'antithèse de l'albatros : cela annonce quelque chose de négatif. On remarque également dans cette strophe de nombreux sons sifflants et liquides : Baudelaire appuie sa comparaison sur les éléments phonétiques. Le mot indolence traduit la longueur : les sonorités s'y prêtent, le rythme est calme, apaisé, ample, équilibré : c'est le vol de l'oiseau en majesté, un état de plénitude qui jalonne les sphères supérieures. Tous ces éléments permettent de situer le cadre de la scène, et montrent l'art de la présentation de Baudelaire. [...]
[...] Baudelaire a vu une scène pendant le voyage qui l'a choqué : des marins s'amusant à faire souffrir, embêter un albatros. Ce poème est le second de la section Spleen et Idéal du recueil Les Fleurs du Mal dans l'édition de 1861. Il appartient à une série de poèmes qui ouvrent Spleen et Idéal, évoquant la condition du poète. Questions Quelle est la condition du poète ? En quoi ce texte est-il une représentation symbolique de la condition du poète ? [...]
[...] Tout d'abord, nous pouvons observer une écriture très classique, composé d'alexandrins, quatrains, un système de rimes très équilibré (croisées), il n'y a là pas d'innovation, c'est très traditionnel. Dans la première strophe, on a la présentation de la situation initiale : le contexte temporel et spatial est mis en place. Baudelaire utilise l'adverbe de fréquence souvent en réalité assistait qu'une seule fois la scène. Il en fait ainsi une scène habituelle, montrant que la condition du poète est semblable à celle de l'oiseau. [...]
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