Extrait des Fleurs du Mal, principal recueil de Charles Baudelaire, ce poème est le dernier de la section « Spleen et Idéal ». Il occupe donc une place importante et explicite un thème récurrent dans la poésie baudelairienne et dans celle de ses contemporains : le Temps.
Tout au long du poème, on se rend compte de son rôle de discours, d'avertissement à l'attention du lecteur. Il s'agit en effet des paroles du Temps au détour desquelles on peut discerner ses caractéristiques et la manière dont le voit le poète. Ce poème permet en outre de comprendre les rapports entre l'Homme et le Temps. Il retrace ainsi la tragédie de l'être humain qui ne peut échapper aux effets du temps.
[...] Cependant, ce poème n'est pas un simple discours. C'est un avertissement, une menace comme il est dit au vers 2. On peut, en effet, relever de nombreux impératifs : Souviens-toi ! est une expression qui revient de manière récurrente. Il s'agit d'une exhortation, d'un discours d'exigence. La ponctuation accentue cette idée (les points d'exclamation sont en effets très présents comme aux vers : on peut même en compter 4 au vers 13) ainsi que le rythme régulier qui semble pareil à celui de l'Horloge. [...]
[...] L'idée de la mort le domine et l'écrase, il en a peur. Le poème explique donc que le Plaisir dont l'homme insouciant, dépourvu de sérieux folâtre v l'auguste vertu v ) n'a pas su entièrement profiter est éphémère. Tout le tragique est exprimé également par les présents de vérité générale c'est la loi v. 18) et les futurs. La formule la plus forte est celle qui est placée en toute fin du poème (au vers 24) : il est trop tard Cette expression résume la situation qui résonne avec tantôt placé au début de la strophe. [...]
[...] Le champ lexical du temps et plus particulièrement celui des instruments et des unités qu'ont inventés les hommes pour le mesurer est très présent : horloge seconde rapide minutes Temps jour nuit clepsydre l'heure sonnera tard Toutes les divisions du temps et les grands nombres tels que 3600 au vers 9 rappellent l'idée du décompte menant à la mort. On peut de plus noter la métaphore au vers 2 du doigt qui peut présenter l'aiguille de l'horloge ou le bâton du cadran solaire. Ainsi on s'aperçoit que le Temps est personnifié entre autres par l'utilisation du mot doigt mais aussi par l'utilisation de la majuscule, du terme de dieu et par le fait que l'Horloge agisse menace dit Plus loin on remarque également le terme de joueur utilisé pour désigner le temps. [...]
[...] Au dernier vers, on trouve une structure du discours dans le discours : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard Cette polyphonie est, par ailleurs, explicitée par le premier vers de la quatrième strophe. En effet, la même expression Souviens-toi répétée dans trois langues : l'Anglais, l'une des langues alors à la mode ; le Français, la langue de tous les lecteurs du poème et le Latin qui était avant parlé par tous les intellectuels. Cela insiste sur l'universalité du message de Baudelaire et rappelle le mythe de Babel : le Temps est partout, universel, l'Homme ne peut donc pas le fuir. [...]
[...] Ce poème est composé du discours de l'Horloge, c'est-à-dire du Temps, rapporté par le poète. Il est introduit dès les deux premiers vers par le verbe dire verbe introducteur à la parole. Le discours commence donc à la fin du vers 2. L'émetteur est clairement défini par Horloge et tout le syntagme qui s'y rapporte. Alors qu'on ne relève que quelques indices de l'émetteur (comme au vers on remarque de nombreuses occurrences de la 2ème personne tout au long du discours qui implique le lecteur. [...]
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