Au milieu du XIXe siècle vient le temps des poètes maudits. Ceux-ci sont vus parfois et même trop souvent trop provocateurs, hypersensibles et même hermétiques. Leurs réflexions énigmatiques trop subtiles pour le public de l'époque, ce qui leur vaut le statut de marginaux.
Charles Baudelaire (1821-1867) était un de ces poètes incompris (en 1857, après la parution des Fleurs du Mal : « il y a des moments où l'on doute de l'état mental de M. Baudelaire, il y en a où l'on n'en doute plus » dans le Figaro du 5 juillet). Il est néanmoins reconnu aujourd'hui comme un écrivain majeur de la poésie française. On retiendra de lui notamment L'Art romantique (1852), Les Fleurs du Mal (1857) ou encore Les paradis artificiels (1860).
Auteur représentatif de la mélancolie, l'objectif de ce commentaire sera de répondre à la question suivante : comment Baudelaire s'y prend-il pour associer angoisse et harmonie ?
[...] Son association avec la Nature et le coucher de soleil ramène à un paysage romantique qui peut donner une impression d'infini. Baudelaire est d'ailleurs un héritier du romantisme (il trace la voie de la modernité en s'inspirant également du Parnasse). On retrouve ainsi dans Les Fleurs du Mal le thème de la Nature, de la femme et de la mort. Le thème de la mort est justement caché dans cet univers romantique, si bien que chaque argument en faveur de la tranquillité de l'atmosphère peut être renversé et utilisé en faveur de l'angoisse. [...]
[...] Cette harmonie présente dans le texte dégage une certaine mélancolie, cela permet l'association de termes contradictoires : la problématique a mené à cette réponse. Cette écriture est présente dans plusieurs poèmes de Baudelaire, par exemple dans Correspondances des Fleurs du Mal. Dans ce poème aussi, les parfums, les couleurs et les sons se répondent (vers 8). On retrouve les champs lexicaux des sens et des sentiments. Baudelaire établit un équilibre parfait entre l'homme, la Nature, les sentiments et sa conception de la poésie. [...]
[...] Baudelaire touche les lecteurs en présentant un paysage romantique, voire utopique. Cette atmosphère peut dégager un certain suspens dans le temps pour les lecteurs : lorsque l'on observe un coucher de soleil, on a tendance à oublier ce qu'il y a autour de soi. La reprise des vers 2 et et et et et 13 et enfin 15 et 12 (pantoum) ainsi que le caractère répétitif des rimes (deux sortes de rime pour tout le poème : rimes féminines en rimes masculines en [soir]) permettent également au texte de dégager une certaine impression d'infini. [...]
[...] Une femme est cachée dans Harmonie du soir de Baudelaire. L'objectif de cet axe sera de présenter son lien avec l'auteur, le mysticisme qu'elle dégage et enfin donc, son statut de souvenir. Baudelaire éprouve une certaine affectivité pour cette femme, cette relation est appuyée par la présence très discrète du lyrisme dans le poème (importance du dernier vers). En effet, Baudelaire exprime ses sentiments personnels (présents dans le vocabulaire de certaines images : valse au vers 4 qui ramène à une danse de couple, cœur au vers l'utilisation de pronoms indéfinis dans un cœur tendre au vers 10 démontre cette discrétion ou encore ton souvenir en moi au vers 16 qui traduit une pensée obsessionnelle), son je traduit ce que ressent tout homme. [...]
[...] Ainsi, dans tout le poème, la femme paraît lointaine et inaccessible (discrétion du lyrisme par exemple). Plusieurs expressions ont l'effet semblable : le chiasme de la dernière strophe qui raccorde le passé lumineux à la comparaison luit comme un ostensoir et tout vestige à ton souvenir et qui insiste sur l'antériorité du souvenir de la femme. L'auteur désireux de cette femme, la laisse tomber une fois accessible. Il souhaite poursuivre sa quête de la Beauté La femme présentée semble avoir une certaine relation avec l'auteur (lyrisme). [...]
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