« La Chevelure » apparaît dans la deuxième édition des Fleurs du Mal, en 1861, faisant suite à « Parfum exotique », avec le numéro XXIII. Baudelaire place le poème dans la section « Spleen et Idéal » dont il porte sceau de l'inspiration exotique, sans aucun doute inspiré par la mulâtresse Jeanne Duval, une figure sensuelle et lascive.
« La Chevelure » est un long poème de trente-cinq alexandrins regroupés en sept quintils qui mime l'évasion : du point de départ d'une rêverie jusqu'à l'enlèvement salvateur du poète, se jouant des correspondances verticales et horizontales pour que se produise l'évasion, dans l'analogie, la métaphore… Baudelaire crée un réseau d'analogies à partir d'une réalité, d'un ancrage réaliste et sensuel : une sensation porteuse de rêverie et de libération.
[...] Pour peupler ce soir l'alcôve obscure Des souvenirs dormant dans cette chevelure, Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir ! La langoureuse Asie et la brûlante Afrique, Tout un monde lointain, absent, presque défunt, Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique ! Comme d'autres esprits voguent sur la musique, Le mien, ô mon amour ! Nage sur ton parfum. J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève, Se pâment longuement sous l'ardeur des climats ; Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève ! [...]
[...] Il utilise le pronom de la deuxième personne, les possessifs de la deuxième personne pour désigner cette partie du corps féminin tes profondeurs, ton parfum, fortes tresses soyez , tu contiens, vous me rendez Le poète fétichise la chevelure qui semble se substituer métonymiquement à la femme : ce n'est qu'en fin du poème qu'il s'adresse véritablement à la femme. (L'apostrophe du début du poème fonctionne comme une divinisation de la chevelure : ô toison ! ô boucles ! ô parfum ! [...]
[...] N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde Où je hume à longs traits le vin du souvenir ? Axes de lecture Ainsi, la lecture suit deux axes : la transfiguration de la réalité par le rêve ; de l'extase des sens à l'expérience mystique. Explication 1. L'ancrage dans la réalité - L'ancrage spatio-temporel : le lieu clos et intime du jeu érotique Le premier quintil livre des indices spatio-temporels lourdement connotés. Le soir et l'alcôve obscure sont le cadre intime par le recul que propose le lieu isolé, la pénombre préservant l'intimité, ainsi que le moment privilégié que représente la fin de journée offrant le repos et la langueur après l'agitation. [...]
[...] Les métaphores ouvrent vers la rêverie, préparent au voyage *Les correspondances et analogies dépassent la réalité, vers une irréalité : La couleur de la chevelure fait naître une autre réalité, par l'intermédiaire de correspondances inattendues : les cheveux bleus sont mer d'ébène noir océan suggérant une correspondance secrète entre le bleu intense du ciel ou de la mer et le noir profond, le noir à reflets bleutés de la chevelure mer d'ébène, noir océan, ténèbres tendues). La thématique des enfers s'installe Les synesthésies instaurent un mélange des sens et sensations, associant le parfum au toucher : le parfum devient tactile nage sur ton parfum boire à grands flots le parfum je m'enivre ardemment des senteurs confondues la gourde où je hume à longs traits le vin du souvenir qui évoque l'enivrement extatique du poète. Le parfum devient médiateur vers l'ivresse. [...]
[...] Baudelaire, Les Fleurs du mal : La chevelure La Chevelure apparaît dans la deuxième édition des Fleurs du Mal, en 1861, faisant suite à Parfum exotique avec le numéro XXIII. Baudelaire place le poème dans la section Spleen et Idéal dont il porte sceau de l'inspiration exotique, sans aucun doute inspiré par la mulâtresse Jeanne Duval, une figure sensuelle et lascive. La Chevelure est un long poème de trente-cinq alexandrins regroupés en sept quintils qui mime l'évasion : du point de départ d'une rêverie jusqu'à l'enlèvement salvateur du poète, se jouant des correspondances verticales et horizontales pour que se produise l'évasion, dans l'analogie, la métaphore Baudelaire crée un réseau d'analogies à partir d'une réalité, d'un ancrage réaliste et sensuel : une sensation porteuse de rêverie et de libération. [...]
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