[...] En effet, à ce tableau repoussant s'ajoutent des détails obscènes d'une part avec l'emploi du mot "jambes" (v.5) et avec la comparaison à une femme sensuelle "femme lubrique" (v.5).
Enfin, les bruits de la décomposition du cadavre sont aussi mentionnés : "une étrange musique, comme l'eau courante et le vent" (v.25-26), "agite et tourne dans son van" (v.28) avant de compléter sont tableau avec un détail macabre : "une chienne inquiète (...) lâché" (v.33-36).
[...] La beauté est déjà dans tout le poème par sa régularité et son balancement harmonieux. En effet, c'est sur le ton de la confidence que commence ce poème, et le passé simple "nous vîmes" dès le vers 1 crée un effet de raffinement et de préciosité. Hormis la deuxième strophe qui est plus dissonante, l'harmonie revient dès la troisième strophe. Le contexte est plaisant : "beau matin d'été si doux" (v.2), "au détour d'un sentier" (v.3), "le soleil rayonnait" (v.9), "la grande nature" (v.11). De façon plus étonnante encore, c'est la charogne elle-même qui devient source de beauté : "carcasse superbe" (v.13), "comme une fleur s'épanouir" (v.14). Baudelaire n'hésite pas à faire rimer, avec des rimes riches "s'épanouir" et "s'évanouir" (v.14-16). L'objet ignoble sous la plume du poète devient peu à peu un esthétique et presque une oeuvre d'art : "et ce monde rendait une étrange musique" (v.25), "les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve" (v.29), "une ébauche lente à venir/ Sur la toile oubliée et que l'artiste achève" (v.30-31) (...)
[...] Un tableau macabre que Baudelaire s'attache à produire A. L'atrocité du spectacle Neuf strophe présentent une description détaillée sur l'atrocité du spectacle de l'objet le plus répugnant, par le biais d'adjectifs et d'expressions précises : une charogne infâme cette pourriture ce ventre putride (v.17), cette ordure (v.37). La description minutieuse du travail de décomposition est évoquée par la présence de mouches des mouches bourdonnées (v.17), horrible infection suant les poisons mais aussi de noirs bataillons de larves (v.18). L'horreur est soulignée par le rejet de larves (v.19) mais aussi par la présence d'un enjambement entre le vers 19 et le vers 20 pour matérialiser l'action de couler comme un épais liquide/ Le long de ces vivants haillons (v.20). [...]
[...] III Les enseignements que le poète tire de cette évocation En lisant Une Charogne on pense inévitablement à des poèmes comme Mignone allons voir la rose dans lequel Ronsard compare une jeune fille à une fleur. Ici, Baudelaire fait une comparaison explicite entre la jeune femme et la charogne : vous serez semblable à cette ordure (v.37), idée reprise avec insistance au vers 41 : Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces (v.37). Le message qu'il adresse à sa bien aimée est plus impertinent encore que celui de Ronsard puisqu'ici Baudelaire n'évoque pas la vieillesse de sa femme et la perte de sa beauté mais la future décomposition de son cadavre. [...]
[...] Un tableau obscène En effet, à ce tableau repoussant s'ajoutent des détails obscènes d'une part avec l'emploi du mot jambes (v.5) et avec la comparaison à une femme sensuelle femme lubrique (v.5). Enfin, les bruits de la décomposition du cadavre sont aussi mentionnés : une étrange musique, comme l'eau courante et le vent (v.25-26), agite et tourne dans son van (v.28) avant de compléter sont tableau avec un détail macabre : une chienne inquiète ( ) lâché (v.33-36). II Baudelaire métamorphose cette horreur en beauté, et la mort en vie A. Une scène toute en harmonie La beauté est déjà dans tout le poème par sa régularité et son balancement harmonieux. [...]
[...] Baudelaire exprime dans la dernière strophe une leçon plus haute, plus noble. La destruction de la chair et celle de la beauté, la mort, tout cela est nié par l'affirmation d'un pouvoir spirituel qui conserve l'idée de beauté et de l'amour : que j'ai gardé la forme et l'essence divine de mes amours décomposés (v.47-48). Cela est exprimé dans un caractère philosophique forme, essence divine (v.47-48). On peut donc lire cette fin de poème comme une célébration des pouvoirs de la mémoire et peut-être en particulier des pouvoirs des poètes qui triomphent de la mort. [...]
[...] Baudelaire n'hésite pas à faire rimer, avec des rimes riches s'épanouir et s'évanouir (v.14-16). L'objet ignoble sous la plume du poète devient peu à peu un esthétique et presque une œuvre d'art : et ce monde rendait une étrange musique (v.25), les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve (v.29), une ébauche lente à venir/ Sur la toile oubliée et que l'artiste achève (v.30-31). B. Une scène vivante Par ailleurs, la description de cette putréfaction débouche sur une vision grouillante de la vie. [...]
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