Le Quart-Livre, de François Rabelais, a été publié pour la première fois en 1548. Il suit le Tiers-Livre publié deux ans plus tôt, et raconte le voyage en mer de Pantagruel et de sa troupe, à la quête de la Dive Bacbuc. Cette bouteille donnera à Panurge la réponse à la question qui le turlupine : sera-t-il cocu s'il se marie ?
Le passage que nous allons étudier, le chapitre XXXVIII, se situe dans l'épisode des Andouilles qui s'étale sur huit chapitres. Pantagruel a vaincu "le monstrueux Physeterre" et le navire Lanterniere l'amène sur l'île Farouche peuplée d'Andouilles et gourvernée par Nipleseth, la reine des Andouilles, "pour en faire anatomie, et recuillir la gresse des roignons".
Il s'agira de voir en quoi ce monologue de Pantagruel est un texte érudit et un passage qui impose une nouvelle pause dans le récit des aventures de l'équipage.
[...] On observe un réel jeu autour de la langue, l'invention est amusante, l'auteur tente quelques expériences en passant par le langage de Pantagruel, en inversant le nom et l'adjectif dans l'exemple que nous venons de citer. L'écriture est volontairement obscure et participe au ralentissement de l'action. Ainsi ce monologue, qui tente de démontrer la dignité que peuvent avoir les Andouilles démontre également le talent de rhéteur de Pantagruel, son érudition, et permet à Rabelais de jouer avec la langue tout en marquant une pause dans les aventures de ses héros. [...]
[...] Le premier terme du titre, "Comment" nous annonce la démonstration. Celle-ci repose sur des exemples d'Andouilles qui sont admirables par quelque côté : les Géants pour leur puissance et leur audace, "Ce n'était force ni vulgaire ni médiocre", le serpent de La Génèse "était fin et cauteleux sur tous les êtres animés", les Suisses sont un peuple "hardi et belliqueux". Il nomme également des personnages célèbres et merveilleux comme Mélusine, qui a fondé les châteaux de "Lusignan, Partenay, Vovant, Mervant, et Ponzauges en Poitou" ou encore Erichtonius et la nymphe Ora. [...]
[...] Il est loin d'être en reste, il aime apprendre et affiner ses connaissances. Il est un des personnages qui s'expriment le mieux, ici en tout cas il s'exprime beaucoup mieux que Panurge ne le fait pendant la tempête par exemple, où son vocabulaire se résume à des onomatopées. Ce monologue de Pantagruel constitue une pause dans l'action, un arrêt dans le voyage. Comme à de nombreuses reprises dans Le Quart-Livre, l'érudition enlise le passage, la digression est immobilisante, et dans ce roman on a plus affaire aux arrêts qu'au voyage. [...]
[...] Il interpelle son auditoire : "Beuveurs" et d'une manière habile il s'adresse aux Andouilles en apostrophant ses compagnons. Plus loin, il interpelle de nouveau par la question : "Quelle feut la cause pourquoy Erichthonius premier inventa les coches, Lectieres et charriots Cette démonstration ressemble à un exercice de rhétorique, comment mettre en valeur une Andouille ? Comment utiliser les ressources de la langue pour valoriser quelque chose de l'ordre de la nourriture, du trivial. La tâche à laquelle s'attèle Pantagruel semble ardue, à cause du mot "andouille" en lui-même. [...]
[...] Commentaire du Chapitre 38 de "Quart-Livre" de François Rabelais Le Quart-Livre, de François Rabelais, a été publié pour la première fois en 1548. Il suit le Tiers-Livre publié deux ans plus tôt, et raconte le voyage en mer de Pantagruel et de sa troupe, à la quête de la Dive Bacbuc. Cette bouteille donnera à Panurge la réponse à la question qui le turlupine : sera-t-il cocu s'il se marie ? Le passage que nous allons étudier, le chapitre XXXVIII, se situe dans l'épisode des Andouilles qui s'étale sur huit chapitres. [...]
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