Commentaire détaillé du Sonnet à Orphée I, 3 de Rainer Maria Rilke. Le document contient la version originale allemande ainsi que la traduction française de Maurice Regnaut. L'étude tire sa pertinence de l'attention portée aux deux versions du poème.
[...] S'il nous touche, ce n'est pas par l'action triviale des mots. Au contraire, ce chant qui est un souffle pour rien est aussi un vol ou encore, un vent Loin des mots qui enferment en nommant, le chant est ouvert et se caractérise par sa légèreté ; il est impalpable, en apesanteur, et cette idée d'une ouverture du chant peut se retrouver dans la forme-même du sonnet. En effet, le poème s'ouvre sur les mots un dieu puis se ferme sur les mots un vent Or ces deux mentions n'ont pas pour rôle d'être des bornes déterminant l'espace poétique. [...]
[...] A la lyre étroite de l'homme dont les sons expriment la discorde s'oppose donc la lyre-voix d'Orphée qui est toute harmonieuse. Le dieu caché qu'est Orphée transparaît aussi dans le nom pouvoir du premier vers : Ce mot pose question puisqu'il n'est pas développé, on ne sait pas de quel pouvoir il s'agit. Or, le chant et la lyre étant liés, on peut penser qu'il s'agit du pouvoir spécifique à Orphée, à la fois musicien et poète, qui est d'autant plus confiant dans la force de son verbe grâce à l'accompagnement musical. [...]
[...] On perçoit deux tonalités bien distinctes dans ce sonnet : celle de la célébration et celle de la plainte, toutes deux suscitées par le chant. Il semble pourtant que Rilke parvienne à échapper à ce topos poétique qui oppose la célébration et la plainte. On peut alors se demander, tout au long du sonnet, en quoi la plainte est-elle un moyen de valoriser la célébration d'un chant, chant qui, sous la plume de Rilke devient original car il est à la fois le symbole de l'origine et du manque. [...]
[...] On y apprend que, pour Rilke, l'existence n'est pas simplement la vie au sens de vivant, mais au sens d'une grande unité entre la vie et la mort. Le chant est donc cette grande unité, cette existence, et cette définition va, semble-t-il, envahir tout le poème. Dans le texte allemand, on peut en effet relever l'adjectif sein (son) et le verbe ist (est) du premier quatrain ; puis dans le deuxième quatrain, on retrouve trois fois le verbe être conjugué ; dans le premier tercet, ensuite, on a le nom Sein et le verbe ists ; et dans le dernier tercet, on retrouve encore ist Le sens particulier que Rilke donne au mot d'existence pouvait déjà être supposé au vers à travers la question : Mais nous, quand sommesnous ? [...]
[...] Le fossé humain-divin se creuse encore dans les vers 7 et 8. En effet, on a für den Gott (pour le Dieu) au début de la proposition au vers 7 ; et dans le vers le pronom wir (nous), qui représente les hommes de manière générale, et qui est placé en fin de proposition grâce à la modalité interrogative. Le contraste entre la divinité et l'humanité est donc bien mis en valeur. b.) Une impuissance humaine Cette séparation formelle permet ensuite de mettre en valeur l'impuissance de l'homme face à la divinité. [...]
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