L'extrait que nous allons étudier, introduit justement la mort de l'esclave dans la ravine. Nous pouvons ainsi nous demander comment dans ce passage l'auteur prépare la fusion entre la Pierre et l'homme ? Tout d'abord, nous parlerons de l'évolution psychologique du vieil homme ; puis, nous évoquerons les marques de la culture antillaise présentes dans cet extrait ; enfin, nous insisterons dans un dernier temps, sur l'importance de l'oralité qui se dégage de ce passage.
[...] En effet, le vieil homme veut honorer ces ancêtres en s'offrant un nom. Mais il veut aussi reconstruire sa lignée et célébrer la mémoire collective de l'esclavage: Il y a tant de noms en moi (l.36). Pour cela, le vieil esclave va s'imprégner de la mémoire des Caraïbes présente au coeur de la Pierre. Ce qui va l'amener à commémorer ceux qu'on a oublié, ou dont on ne veut pas se souvenir, grâce à sa fusion avec la Pierre. Il s'agit véritablement de retrouver pour l'esclave, cette mémoire immémoriale. [...]
[...] On peut ainsi distinguer les aspects rituels et mystiques de ces incantations vaudou qui permettent d'accentuer le rythme du récit. De plus, il paraît évident de souligner l'importance de la Pierre dans le mystique. Nous pouvons remarquer effectivement l'énergie du minéral et les effets produits sur le vieil homme. On peut voir que ses pouvoirs le perturbent puisqu'ils provoquent en lui un tumulte à la fois symphonique (l.11) et violent (l.12). Ces deux termes antithétiques nous relatent le chamboulement vécu par l'esclave au contact de la Pierre : à la fois de l'harmonie et du désordre. [...]
[...] Puis, on s'aperçoit qu'à la fin de ce passage le vieil homme parle de ses os ; thème qui correspond à la dernière cadence du roman : Mes os. Que diront-ils de moi ? (l.53). L'esclave se projette en effet dans un futur proche car il ressent le pouvoir de la Pierre. Il sait qu'il va fusionner avec elle : Je les vois déjà, ces os, [ ] Certains feront poussières, d'autres roches (l.56). On retrouve dans ce dernier paragraphe l'anaphore du pronom certains qui reprend donc ici le nom os Le vieil esclave nous décrit alors les différents devenirs possibles de ses os lorsqu'il aura disparu dans la Pierre. [...]
[...] L'esclave renaît pour tout de suite mourir et fusionner avec la Pierre. Ainsi, nous retrouvons ici l'idée de réincarnation présente dans les religions féminines ; l'affirmation que rien n'est définitivement perdu. Par cette fusion, la culture de l'esclave pourra aussi perdurer dans la Pierre. Ensuite, on peut voir que dans ce passage l'esclave évoque ses souvenirs. En effet, nous remarquons que celui-ci utilise ses souvenirs pour retrouver son calme alors qu'il est coincé dans la ravine et que le molosse se rapproche de plus en plus. [...]
[...] Mais celui-ci s'aperçoit qu'il ne s'agit que d'un réflexe et qu'il faut trouver autre chose afin de vaincre la bête. Ainsi, nous remarquons qu'à la suite de cette évolution psychologique, le vieil homme à la révélation de s'attribuer un nom. C'est ce que l'on peut affirmer grâce à l'expression : je veux m'offrir un nom (l.33). Cette idée semble en effet évidente compte tenu de son désir d'humanisation. Il en vient même à réclamer un hommage à ses ancêtres esclaves à travers la désignation de son propre nom : «Mon nom, mon Grand-nom devrait pouvoir les crier tous Nous noterons par la suite la répétition du pronom tous et des tournures identiques qui accentuent cette volonté déterminée du vieil homme : Les sonner tous. [...]
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