La peinture de Paul Cézanne ne peut se rattacher à aucun mouvement en particulier ; considéré comme « un représentant du classicisme » par la nouvelle génération, il n'est en fait classique que par rapport aux peintres modernes. En somme, sa peinture ne peut être classée qu'en étant intégrée dans une histoire de l'art, en rapport avec d'autres artistes, ce qu'étudie l'article « Cézanne » publié dans L'Occident en 1907 écrit par Maurice Denis (1870-1943). Ce dernier est très impliqué dans le milieu artistique : il est lui-même peintre, graveur et décorateur, mais il est également théoricien, historien de l'art et critique d'art. De ce fait, il côtoie des peintres comme Degas, Cézanne, Renoir ou Monet. Maurice Denis écrit cet article suite au Salon d'Automne qui consacre à Cézanne une rétrospective posthume présentant 56 œuvres de l'artiste ; il faut souligner que c'est la première exposition sur Cézanne depuis sa mort récente, le 22 octobre 1906. Cet événement est l'occasion pour Maurice Denis de faire un point sur Paul Cézanne, notamment sur son influence et sur ses qualités de peintre. En effet, son influence sur les peintres de la nouvelle génération est indéniable.
[...] En effet, au cours du XIXe siècle, les musées étaient investis d'une mission patriotique et fédératrice autour d'un monarque ou d'un empereur, on peut penser alors à Napoléon Ier et les œuvres d'art rapportées de ses conquêtes au Musée du Louvre. Au XXe siècle tend vers le partage des savoirs, et se renouvelle en permanence pour satisfaire la demande du public. Ici, l'auteur fait un portrait négatif de ces institutions en parlant de tristes musées de province (l. 11) et dans une de ces nécropoles où le délabrement, l'abandon, l'odeur de moisi et le silence (l. 11). [...]
[...] Pour légitimer sa pensée, il propose une autre hypothèse plus concrète, en le comparant à deux peintres plus contemporains, Manet et Gauguin (l.38-l.50). Le premier fait une imitation de la nature à travers sa propre vision et sensation, le deuxième tend à l'interprétation décorative alors que Cézanne ne se classe pas aussi rapidement ; il oscille entre imitation et interprétation, il invite à la réflexion, ce que suggère le champ lexical de l'hésitation et de l'impression. Enfin, l'opposition et le contraste se voient au musée de Berlin : le contraste les autres peintres (Manet, Renoir, Monet, Sisley) et Cézanne fait que les premiers font partie de l'ensemble des productions modernes (l.55) et le deuxième à une autre époque, le classicisme. [...]
[...] le sujet importe peu dans la peinture de Cézanne ; il se démarque, peu importe le sujet, par sa virtuosité (l.36). Les oppositions entre les styles et entre les artistes tendent en fait à intégrer Cézanne à l'histoire de l'art, l'histoire de l'art se construisant dans les rapports d'oppositions ou d'analogies des artistes et des styles. III) L'opposition à d'autres artistes : intégrer Cézanne à l'histoire de l'art Il faut avant tout rappeler ce qu'est l'histoire de l'art, l'histoire de continuité et de rupture et non une histoire évolutive ce qui permet d'expliquer le cas de Cézanne, un artiste classique intervenant tardivement et qui a d'ailleurs exposé parmi les impressionnistes À] L'histoire de l'art étant par définition l'histoire d'une continuité et d'une rupture L'histoire de l'art est l'histoire de style, le texte mentionne les classiques les modernes et les impressionnistes Mais elle est aussi l'histoire des artistes, Maurice Denis cite Gauguin Manet Renoir Monet Sisley Toutefois, l'histoire de l'art n'est pas une évolution, comme on l'entend communément par le terme histoire Mais elle est une construction de continuité et de ruptures : la pratique de l'art demeure inchangée, mais les artistes cherchent à se couper d'une tendance précédente. [...]
[...] L'auteur oppose dans un premier temps les classiques aux modernes : vieux morceau d'un Bolonais ou d'un élève de Le Brun, à la fois puissant et synthétique, paraît décidément supérieur aux sèches analyses et aux mièvres photographies en couleurs de nos médaillés ! (l. 19.) Cézanne est ensuite comparé à ces deux catégories dans l'imaginaire de Maurice Denis, ce que suggèrent les termes Imaginons (l. 22) et hypothèse (l.22). Il ne peut se placer parmi les nouveautés et la nouveauté au motif qu'il détonnerait parmi les anecdotes et les fadeurs (l.24). [...]
[...] L'article intervient un an après sa mort, lors de l'exposition rétrospective posthume. Il constate que la mort de Cézanne a été le premier compte-rendu de l'influence de Cézanne : l Au moment de sa mort, les articles des journaux et l.4, les nécrologies dont le terme souligne qu'il s'agit d'un constat intervenant après la mort de l'artiste. Le recoupement de ce foisonnement d'articles permet, selon l'auteur de donner le reflet exact de l'opinion moyenne (l.3). Les journalistes s'accordent à reconnaître l'influence de Cézanne sur une grande partie de la jeunesse (l.4) ; en effet, on constate que George Braque et Pablo Picasso dans leurs paysages des années 1907-08 s'inspirent de Cézanne dans la géométrisation. [...]
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