Tout d'abord, le monde moderne est omniprésent dans le texte, bien que l'auteur fasse allusion à deux époques.
En effet, histoires contemporaine et antique sont mêlées dans le poème, entraînant une certaine confusion temporelle. L'Antiquité est suggérée par les noms propres "Syracuse" et "Archimède" (vers 13 et 14), faisant respectivement référence à la Sicile gréco-romaine et à un scientifique du IIIe siècle avant Jésus-Christ. De même, les "galères" et les "vaisseaux" se rapportent au passé (...)
[...] C'est un danger pour lui car il n'est pas maître situation, il subit divers chocs d'idées. La création est également liée aux pulsions, aux tourbillons, avec des risques de collisions incontrôlables. Dans un second temps, Cendrars procède à une initiation à la poésie pour le lecteur et au vers 25, il dit clairement qu'il fonctionne par images-associations Ainsi, l'auteur construit son texte autour de mots placés aléatoirement, les idées semblent juxtaposées au hasard. Les associations d'idées doivent être déchiffrées par le lecteur (par exemple : Caramboles / Paraboles / Géométrie / Archimède / Syracuse / bateau ce qui rend la lecture du poème ludique. [...]
[...] Les rails ne sont pas rectilignes, mais se présentent comme des réseaux enchevêtrés (vers et certains trains disparaissent : se perdent en route (vers 6). A ces angoisses, s'ajoute le champ lexical de la mort, omniprésent : orage (vers tourbillon (vers 3 et vers diabolique (vers soldats égorgèrent (vers tuerie (vers naufrage (vers accident (vers qui confère un aspect morbide au poème. L'auteur reconnaît ses craintes à la fin du texte : j'ai peur (vers 30). Cendrars semble rongé par ses angoisses face à d'éventuels accidents ferroviaires et plus largement, au monde moderne. [...]
[...] Celle-ci est associée à l'histoire moderne (vers 21) et à divers faits contemporains de l'auteur comme le naufrage du Titanic . lu dans le journal Ces éléments sont évoqués avec du présent simple et de vérité générale roulent vers se rencontrent vers jouent vers je suis vers 26, j'ai vers 30 ) et du passé composé, donc du passé proche j'ai lu vers 24, j'ai négligé vers 28 ce qui leur confère une dimension atemporelle. Par ailleurs, le monde moderne est particulièrement évoqué par les chemins de fer et les trains, dont la présence est récurrente dans l'extrait (vers 3 : trains réseaux vers 5 : trains vers 7 : chefs de gare vers 12 : voie ferrée vers 28 : chemins de fer Ce thème confère une réelle unité au poème. [...]
[...] De plus, le bilboquet est diabolique (vers donc difficile à jouer ou lié aux enfers, tout comme le billard, qui a pour but de faire tomber des boules dans un trou. Le carambole (vers 10) correspond au billard français, où les joueurs sont amenés à percuter les boules de leurs adversaires. La boule rouge de ce jeu n'est pas sans rappeler l'univers diabolique ou le sang. Par ailleurs, le jeu des échecs (vers évoque par son nom l'idée de défaite, mais aussi l'angoisse. Enfin, le tric- trac (vers fait penser à une onomatopée de cassure ou de heurt. [...]
[...] Cendrars ne se pose pas en simple voyageur anxieux, il apparaît comme un poète fragile et en proie à de nombreux doutes lors de l'écriture de ses textes. Dans un premier temps, il se décrit impuissant et extrêmement sensible face au monde qui l'entoure, son incapacité est claire je ne sais pas (vers 29). Cendrars ne parvient pas à aller au bout de ses idées, au bout de sa création poétique, situation qu'il énumère par des anaphores à la fin de son poème : que je ne peux pas développer dans mes vers / Car je suis encore fort mauvais poète / Car l'univers me déborde / . [...]
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