Voyage au bout de la nuit est le récit d'un parcours vers la mort, seule vérité du monde. Roman picaresque écrit à la 1ere personne, il met en scène Bardamu, et ses apprentissages dans le monde, ses expériences et ses limites. Le voyage ouvre sur une expérience d'avilissement, d'accablement et d'écœurement. Le "bout de la nuit" est le repos qui naît de la certitude de ne pouvoir atteindre un niveau de lassitude plus bas.
L'extrait constitue une nouvelle étape dans ce voyage initiatique vers la mort. Robinson, compagnon de guerre de Bardamu s'est accidentellement blessé aux yeux en voulant assassiner la mère Henrouille. Bardamu, devenu médecin, s'occupe alors de lui. L'extrait commence alors que Robinson vient de faire l'expérience complète de son aveuglement.
Cette découverte occasionne le récit rapporté de sa souffrance par le héros-narrateur Bardamu. La maladie engage une prise de conscience de la mort imminente: elle provoque une méditation sur la peine métaphysique. La pénétration dans la conscience subjective du sujet de l'énonciation donne lieu à une conception pessimiste de la condition humaine. L'impossible échappatoire de l'homme face à la mort fait de lui un être en proie à la fatalité. Robinson devient alors allégorie de la misérable condition humaine. Le "je" picaresque fait entendre la voix singulière d'un individu ordinaire, marquée par une oralité familière déroutante, mimesis de la bassesse du monde.
Le passage constitue donc un arrêt dans le voyage au bout de la nuit, une nouvelle initiation. Cette étape vers la mort ouvre une méditation métaphysique sur la condition humaine, retranscrite par la voix singulière du narrateur personnage dans un langage vain.
[...] L'absence de spatialisation et de temporalité témoigne d'un arrêt dans le voyage. Progression du passage la progression rend compte d'une nouvelle étape dans le voyage initiatique. Elle permet de passer de l'expérience à son commentaire, dans le but d'accéder à une nouvelle connaissance sur le monde. Le 1er mouvement constitue le récit de l'expérience de Robinson face à la maladie comme le suggère l'abondance du pronom "il". Le passé simple qui débute le passage place d'emblée l'énonciation dans un récit. [...]
[...] La réduction de clichés témoigne de son entreprise de démystification. Le passage témoigne du refus du romancier d'anoblir l'homme. Il le dévalorise, bien au contraire. Conclusion De l'aveuglement de Robinson surgit une allégorie de la misère humaine, incarnée dans la figure grotesque du personnage aveugle, proche de la nuit, étape finale du voyage. La méditation métaphysique que donne accès le monologue intérieur du narrateur rend compte de la condition vaine de l'homme: errant seul sur une route, il marche vers la mort. [...]
[...] Céline, Voyage au bout de la nuit : Robinson aveugle Livre de poche: p. 326-327, 4eme section De "un soir, après ma seconde visite Robinson essaya de me retenir auprès de lui par tous les moyens question que je m'en aille encore un peu plus tard. à Cette mort là, elle ne lui plaisait pas du tout, et puis voilà. Rien à dire" Incipit: "la vérité c'est une agonie qui n'en finit pas. La vérité de ce monde, c'est la mort" Voyage au bout de la nuit est le récit d'un parcours vers la mort, seule vérité du monde. [...]
[...] Cela dépend de la mort qui nous attend. Ainsi s'oppose le plaisir et la lâcheté. TR: cette méditation métaphysique sur le tragique existentiel de la misère humaine résonne par la voix singulière du narrateur-personnage Bardamu: le style discordant et agressif devient reflet du nihilisme dénoncé par Céline. Le langage célinien, une illusion de la vie. Le style provocant exprime l'angoisse et la misère humaine. La vanité de la parole qui en découle révèle la vanité même de la vie. Céline établit un lien étroit entre l'esthétique et l'éthique. [...]
[...] Ce procédé relève de la raillerie. Bardamu utilise l'autodérision à la fin du passage pour élaborer une mise à distance face à son angoisse existentielle: "peut être que présentée autrement, ça lui aurait beaucoup plus". Associer la mort au plaisir consiste à ironiser le commentaire. La discordance entre le sujet et la manière dont il est traité est ici significative. Toute la fin de l'extrait tisse un lien étroit entre la mort et le plaisir. La métonymie "tête sans yeux" pour signifier l'aveuglement fait passer l'angoisse dans le grotesque. [...]
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