Lecture analytique semi-rédigée du passage "Je refuse la guerre" tiré de Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline.
[...] La guerre de Cent ans est comparée à la guerre présente : cette guerre ( . ) sera complètement oubliée ; c'est tout ce que les hommes ont réussi à trouver de mémorable au sujet les uns des autres La dérision de Bardamu se manifeste ici par l'analyse des résultats de cette guerre, tout juste bonne à quelque querelle d'experts, mais sans issue tangible. Sur le plan individuel, la guerre ne laisse que peu d'espoir d'avenir, puisque toute gloire se perdra dans les flots de l'anonymat. [...]
[...] Le recours à l'exemple précis, ainsi le rapprochement avec la guerre de cent ans, fait partie de cette logique concrète, précise, didactique, persuasive. Le sentiment, l'émotion transparaissent d'autant mieux que le sens transmis est négatif, désabusé, pessimiste. Conclusion En conclusion, l'intérêt essentiel de ce passage réside dans cette contestation de l'idéalisme guerrier. La contestation repose sur l'expérience de nullité, de l'inanité des hauts faits héroïques. Le bon sens populaire qui prend conscience de la mort s'exprime en des images aussi percutantes qu'imagées, ce qui donne toute sa force au texte et fait l'originalité de l'écriture célinienne. [...]
[...] - Mais c'est impossible de refuser la guerre, Ferdinand ! Il n'y a que les fous et les lâches qui refusent la guerre quand leur Patrie est en danger . - Alors vivent les fous et les lâches ! Ou plutôt survivent les fous et les lâches ! Vous souvenez-vous d'un seul nom par exemple, Lola, d'un de ces soldats tués pendant la guerre de Cent ans ? . Avez-vous jamais cherché à en connaître un seul de ces noms ? [...]
[...] Ils vous sont aussi inconnus que le dernier atome ( . ) que votre crotte du matin La comparaison dépréciative et imagée avec l' »atome puis la crotte a recours au scatologique pour frapper l'esprit et dire crûment le devenir du soldat, destiné à l'état de déchet. Deux interlocuteurs radicalement opposés Ils sont en totale contradiction. L'infirmière Lola est toute orientée vers la justification du sacrifice des vies humaines, elle parle au nom d'une valeur essentielle, la Patrie. Son discours est accusateur, fait d'insultes morales : lâche répugnant comme un rat fous et lâches De plus, elle se réfugie derrière une impossibilité logique : C'est impossible de refuser la guerre comme s'il y avait une tautologie, un raisonnement circulaire dans ses paroles, un théorème de base autour de la notion de Patrie. [...]
[...] Il s'agit pour lui de signifier qu'il veut sauver sa vie, et que les leçons de la guerre ont été noires. Il se révolte autant contre l'hécatombe que contre ceux qui veulent lui attribuer une raison d'être, en général les gradés, les penseurs, les politiques. Sa révolte est d'inspiration populaire et individuelle, celle du petit qui ne veut pas se laisser endoctriner ni juger par les chefs. La syntaxe La structure des phrases correspond à ce style populaire. Elles sont hachées, brèves et plus énumératives, juxtaposées que subordonnées les unes aux autres. [...]
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