Commentaire composé semi-rédigé du passage "Un avortement clandestin" extrait de Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline.
[...] Le roman est écrit à la première personne, dans une langue volontairement crue et familière. De retour d'Amérique où il a pu constater la puissance du dieu Dollar et expérimenter les duretés du travail à la chaîne, Bardamu rentre en Europe. Il s'installe comme médecin à La Garenne-Rancy et soigne les petites gens, encore plus pauvres que lui. Ces pages racontent le long enlisement dans la tristesse de la banlieue et de la maladie. Bardamu exerce dans cet épisode sa fonction de médecin des pauvres de banlieue. [...]
[...] Certains signes, comme le contexte, permettent au lecteur de la repérer et de la comprendre. L'ironie accompagne souvent le tragique. L'inconscience qu'un personnage a d'un danger est qui pèse sur lui, alors que d'autres ou bien le spectateur en sont avertis, est un élément d'ironie tragique. On peut citer par exemple, l'expression c'était un peu plus gai que Le texte annonce une agonie sous le signe de la joie, modérée par l'adverbe de quantité un peu Il faisait bon ça dépendait pour qui . [...]
[...] En revanche, l'extérieur est dominé par les teintes obscures de la nuit : velours gris le noir , l'ombre , desquelles se distinguent les lumières artificielles : lumignons vertes , rouges Enfin, le contraste le plus terrible est celui qui oppose la pâleur des mains de la jeune fille et du sang : Je ne discernais presque plus les mains de la fille posées sur les draps, à cause de la pâleur semblable. III/ L'originalité de l'écriture célinienne La dramatisation L'écoulement du sang contribue à donner une dimension tragique au passage puisqu'il se termine par la mort d'un des personnages. Toute intervention humaine se révèle impuissante. Le tragique est ce qui met en scène un individu aux prises avec des forces qui le dépassent et auxquelles il ne peut échapper. Il est impuissant face au destin. Simplement ici la transcendance est absent et le sens inexistant. La mort est causée par l'incompétence. [...]
[...] L'utilisation des alternances de bruit et de silence s'est amassé d'une scansion dramatique cette scène issue de bruit et de la fureur Le bruit à deux origines : d'une part l'écoulement inexorable des gouttes de sang, d'autre part les hurlements de la mère de la victime. Paradoxalement, le vacarme de la mère la rend sourde à la souffrance de sa fille. Les sont ont valeur de bruitage qui occulte le son réel de la souffrance. Il s'agit là d'un ironique concert de la douleur, étouffé par la suite, par crainte de sanctions judiciaires. Conclusion En conclusion, on peut dire que le texte est équilibré. Il alterne entre pauses et silence et du bruit. [...]
[...] Cette alternance est liée au regard du médecin sur la pièce. Tout le reste est mouvement inexorable de l'hémorragie. Le thème traité ici par Céline n'est pas nouveau. En effet, dans la littérature française les visites de médecins sont fréquentes et presque toutes traitées sur le mode comique. L'originalité de Céline vient du fait qu'il ne traite pas cet épisode de façon conventionnelle. Le personnage du médecin n'est ni l'objet ni le sujet du discours, il est en fuite, il se dérobe pour laisser la place à la fatalité de l'ordre des choses. [...]
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