« Ce grand jardin [...] où il n'y a pas de fruit défendu », Victor Hugo : une définition de la poésie ?

Résumé du document

Genre noble par excellence, la poésie ne s'intéresse qu'au Beau. Paradoxalement, Hugo affirme, dans la Préface des Orientales, que la poésie est « ce grand jardin [...] où il n'y a pas de fruit défendu ». Ainsi, selon Hugo, la poésie est l'espace de la liberté absolue où aucun sujet ne peut être jugé inconvenant, aucune forme ne peut être disqualifiée.

La poésie est-elle cet espace de liberté absolue ou est-elle normée par des règles et des contraintes strictes ? Nous montrerons tout d'abord que la poésie est un genre très codifié, norme par des règles strictes mais qu'elle lutte pour s'affranchir de toutes les conventions. Enfin nous mettrons en évidence que nulle audace n'est interdite en poésie à condition que le Beau reste sa finalité.

Extraits

[...] Le XIXe siècle remet en cause la suprématie du vers : Baudelaire, dans Les Petits Poèmes en prose, s'affranchit des règles métriques pour leur substituer une prose poétique, musicale, sans rythme et sans rime ; Saint-John Perse ou Prévert usent du vers libre pour chanter le monde ou les troubles de leur âme. Apollinaire fait des poèmes calligrammes, dont la typographie reflète le sens. En matière de forme, toutes les audaces sont permises. [C. Liberté morale] En matière de morale, les barrières finissent aussi par tomber. Peu à peu, l'inconvenance entre en poésie. Le poète surréaliste André Breton, dans Ma femme décrit un sexe féminin, aux formes de saxiphrage Thèmes et mots se libèrent, le corps et le vice ont désormais droit de cité dans une poésie désacralisée. [...]

[...] ] où il n'y a pas de fruit défendu Victor Hugo : définition la poésie? [Introduction] Genre noble par excellence, la poésie ne s'intéresse qu'au Beau. Paradoxalement, Hugo affirme, dans la Préface des Orientales, que la poésie est ce grand jardin [ . ] où il n'y a pas de fruit défendu Ainsi, selon Hugo, la poésie est l'espace de la liberté absolue où aucun sujet ne peut être jugé inconvenant, aucune forme ne peut être disqualifiée. La poésie est-elle cet espace de liberté absolue ou est-elle normée par des règles et des contraintes strictes ? [...]

[...] ll La poésie lutte pour devenir un espace de liberté Absolue [A. Liberté thématique] Il y a qu'à ouvrir une anthologie de poésie pour constater que ce genre littéraire traite de sujets extrêmement divers. De l'huître, à l'amour, en passant par la satire sociale, la poésie a vocation à parler de tout ; aucun sujet ne semble pouvoir lui échapper. La poésie n'hésite pas non plus à s'emparer du quotidien : Ponge, dans Le Parti pris des choses, décrit l'orange ou le caillou, tout comme Claudel, avant lui, avait dépeint l'image du porc. [...]

[...] Quand les vers sont secrétaires d'émotions intimes, ils doivent cependant présenter une image noble du sujet lyrique. Ainsi, les poètes de La Pléiade, qui font entrer la confession intime en poésie, recourent abondamment aux comparaisons mythologiques. Du Bellay, dans le sonnet XXXI des Regrets, aimerait ressembler à Ulysse ; Ronsard, dans Les Amours, assimile sa bien-aimée à la Cassandre mythologique. Ainsi, la grandeur de la poésie passe par la noblesse des sujets qu'elle évoque. [B. Contraintes formelles] La poésie est, de plus, très codifiée au niveau formel. [...]

[...] Contraintes morales] La rigidité formelle se double d'une rigidité morale. La poésie est ainsi totalement vouée à la représentation du beau et du bien. Toute trivialité ou audace lexicale est bannie des poèmes parce que considérée comme inconvenante. Mademoiselle Mars, lors de la première représentation d'Hernani, refuse de prononcer le vers Vous êtes mon lion superbe et généreux le mot lion lui paraissant trop osé. C'est ainsi tout le lexique du corps et de la matérialité du quotidien qui est banni du texte poétique. [...]