Nous constatons dans La Casa de Bernarda Alba, que tous les personnages vivent isolés. En effet, même si le titre suggère que la « casa » soit le lieu de réunion d'une famille, nous voyons au fil de la pièce que cette famille est en réalité composée d'électrons libres, qui vivent à part, sans lien les uns avec les autres. Il n'y a par exemple aucun lien maternel digne de ce nom entre Bernarda et ses filles. Aucune tendresse, aucun rapport affectif. De même entre les cinq soeurs où leurs rapports sont marqués par une certaine hostilité. Il n'y a pas de fraternité, à proprement parler. La complicité n'existe pas, il n'y a pas de rapports fusionnels entre ces 5 soeurs. Nous voyons qu'elles ne partagent rien, chacune d'elle s'isole des autres, vit seule et, est systématiquement en conflit avec ses soeurs, qui ne sont d'ailleurs même pas considérées comme telles. Ce thème de la rivalité fraternelle apparaît dès le début de l'extrait proposé. En effet, Angustias arrive sur scène « furieuse », et Lorca précise bien que cela doit contraster avec la scène précédente. Cela montre donc bien qu'il existe une incompatibilité entre les soeurs. Un fossé les séparent. En effet, toutes n'ont pas le même état d'esprit, elles sont totalement différentes, quand les unes sont calmes, Angustias arrive telle une furie. A aucun moment elles ne se mettent d'accord. Et quand la différence est trop grande, il y a nécessairement conflit, illustré ici par l'opposition entre la rage d'Angustias d'une part et la sérénité et le silence de ses soeurs dans la scène précédente d'autre part. Elles seront en conflit toute leur vie. D'ailleurs, pour Angustias, vivre avec ses soeurs se résume à vivre en Enfer, en tout cas dans un monde hostile. En effet, à peine a t-elle constaté la disparition du portrait de Pépé le Romano qu'elle accuse immédiatement ses soeurs. Cela ne peut être que l'une d'entre elles, Angustias le sait. Plus loin, elle l'affirmera comme si elle côtoyait la cruauté, la méchanceté et la perfidie de ses soeurs au quotidien. C'est pourquoi elle entre avec rage. Ce n'est pas de la simple colère, cela se rapproche peut-être plus de la folie. Elle est hors d'elle: le vol du portrait de Pépé est vécu pour elle comme une attaque directe, comme un coup de poignard, une trahison de la part de ses soeurs.
[...] La Casa de Bernarda Alba - Federico Garcia Lorca Tension dramatique autour de la rivalité fraternelle. Nous constatons dans La Casa de Bernarda Alba, que tous les personnages vivent isolés. En effet, même si le titre suggère que la casa soit le lieu de réunion d'une famille, nous voyons au fil de la pièce que cette famille est en réalité composée d'électrons libres, qui vivent à part, sans lien les uns avec les autres. Il n'y a par exemple aucun lien maternel digne de ce nom entre Bernarda et ses filles. [...]
[...] De même, tout ce qui se passe à l'intérieur doit, selon Bernarda, rester à l'intérieur. Le pire ennemi de Bernarda est, on l'a vu, le désordre mais aussi le qu'en-dira-t-on, la rumeur, le bruit. Rien n'est plus important pour cette mère de famille que l'apparence, se montrer forte et insubmersible. Rien ne doit transparaître, ne s'échapper de la maison. Ainsi, dans cet extrait, Bernarda apparaît affolée, tétanisée et furieuse à la fois, car ses filles se disputent violemment et donc les voisins peuvent les écouter, ce qui est pire que tout. [...]
[...] Ainsi, Martirio verse consciemment dans un autre versant de la religion : son opposé diabolique. Nous nous rendons compte ainsi qu'il n'est peut-être pas si évident de dire que les filles de Bernarda rêvent de liberté. En effet, nous notons notamment que Martirio, en rêvant à sa liberté, ressemble de plus en plus à sa mère au contraire. L'incarcération dans cette maison familiale l'a totalement transformée. L'autorité de sa mère semble avoir été un tel traumatisme qu'elle devient inconsciemment la réplique parfaite de sa mère en miniature. [...]
[...] Convaincu d'être en retard, le pays était prêt à tout pour montrer ce dont il était capable, Lorca faisant ainsi de Martirio le symbole de l'Espagne revitalisante, dynamique, libérée. Martirio est cette femme qui veut s'affranchir des liens de la famille et de ceux du mariage. Elle veut avant tout vivre en tant que femme libre. Elle ne veut plus se montrer en tant que la jeune fille éplorée, fragile comme l'a fait sa soeur Angustias ou Magdalena. Elle refuse de pleurer pour arrêter les coups ou pour apitoyer sa mère. [...]
[...] L'ampleur du drame qui est en train de se jouer peut être lue dans la réaction de la Poncia qui est décrite comme interdite lorsqu'elle revient de la chambre de Martirio où elle a découvert le portrait volé : le monde s'écroule devant elle, le temps s'accélère, plus rien ne peut être arrêté, stoppé, et la servante regarde ce monde partir en fumée sans pouvoir faire quoi que ce soit. Son étonnement traduit son incompréhension : elle vit dans un monde qu'elle ne comprend plus. II/ Le rapport Mère/Fille. Bernarda est le personnage central de la pièce. Ceci est à entendre de deux manières. En effet, Bernarda est ce que l'on pourrait appeler l'héroïne de la pièce, puisqu'elle parle le plus, or l'importance du personnage est évaluée selon la fréquence de ses répliques au théâtre ; mais elle est centrale en ce sens aussi qu'elle dirige tout. [...]
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