Tout d'abord, pour marquer la foi en son discours et en ses convictions, première personne ("je"), à des expressions modalisatrices qui soulignent son jugement ("il est juste", et il est "nécessaire") et à un vocabulaire évaluatif, qui montre qu'il ne reste nullement neutre ("aberration, barbare, féroces"). Sépulvéda, devant le légat et un Las Casas qui reste presque tout le temps silencieux, s'enflamme (...)
[...] C'est avec force qu'il se jette son débat qui l'oppose à Las Casas. L'enjeu de la controverse ? Déterminer la nature des Indiens. L'extrait dessine ainsi une image contradictoire des Indiens : dans la bouche de Sépulvéda, ils ne sont que barbares ; dans l'esprit de Las Casas, ils sont humains. Plus neutre, le légat entend comprendre ce peuple qui lui est étranger. Ainsi, en un vif et alerte dialogue argumentatif, Carrière sait déployer les fastes de la conviction et de la persuasion pour conduire le spectateur à la réflexion. [...]
[...] Le légat ne juge pas les Indiens ; il aspire, dans un premier temps, à les comprendre. Conclusion partielle Ainsi, l'image des Indiens données dans le texte est contrastée. Sépulvéda en fait des êtres monstrueux, qui doivent être domestiqués et soumis ; à l'inverse, on devine que Las Casas leur concède une nature pleinement humaine. Pris entre éloge et blâme, le léger est une instance neutre, dont le questionnement doit mener au triomphe de la vérité. Conclusion La pièce de Carrière est une argumentation mise en scène : on y voit s'affronter des théologiens, experts en l'art de convaincre et de persuader. [...]
[...] Sodomites, oui, et cannibales ! Vous avez oublié de le rappeler ! Ils allaient, a-t-on dit, " le ventre gonflé de chair humaine" ! Ils ont tués des Espagnols et ils le sont mangés ! et certains, pour danser, revêtaient des peaux de chrétiens ! Et vous parlez d'un paradis ? Vous dites qu'ils ne savent pas mentir ? Mais ils vous ont trompé ! Continuellement ! Dès qu'un peuple sait parler, il sait mentir ! Ces Indiens sont des sauvages féroces ! [...]
[...] montre que le théologien refuse les légendes non justifiées par des preuves scientifiques : les Indiens ne recouvrent, selon lui, que rarement aux sacrifices humains. De plus, selon las Casas, le monde des Indiens serait un paradis où seule la vérité régnerait Vous dites qu'ils ne savent pas mentir ? et l'innocence triompherait. Cette vision idyllique, véritable éloge d'une société indienne pacifié et pure, se tisse en creux dans le passage : c'est des paroles de Sépulvéda qu'il se déduit. C Le léger : faire-valoir ou contradicteur des idées de Sépulvéda ? [...]
[...] Sépulvéda ne cesse de multiplier les sollicitations à son adversaire, et plus généralement à l'auditoire, pour le faire réagir. Les interrogations rhétoriques sont à cet égard significative : Et vous parlez d'un paradis ? Vous dites qu'ils ne savent pas mentir ? Ces interpellations piquent l'adversaire mais aussi le spectateur, amenés de force à réagir et à réfléchir. D'ailleurs, Las Casas, comme l'indique la didascalie, prendre une note rapide signe de l'efficacité rhétorique du discours de Sépulvéda. C La variété des tons : du discours enflammé au discours rationnel Enfin, l'ultime force de Sépulvéda est de savoir se contrôler malgré la passion qu'il met dans son discours. [...]
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