Dans Cronica de uma travessia, Luis Cardoso respecte parfaitement les croyances ancestrales de son peuple, le peuple timorais. L'extrait que nous allons étudier, qui se situe à la fin du chapitre 8, en est la preuve. Le narrateur autobiographique installé au Portugal pour suivre ses études grâce à une bourse obtenue, a connu sa première désillusion dans sa traversée vers la gare d'Entroncamento qui, contrairement à ses attentes, était totalement vide. Cette déception le pousse à se réfugier au bord du fleuve où il fait la connaissance de deux hommes qui incarnent le parfait Maubere, Domingos et Mali Mau, arrivants de Trafaria et vivants à Odivelas, dans la région de Lisbonne.
Le narrateur se retrouve alors embarqué par ces deux hommes dans une des nombreuses traversées que présente le roman, ici la traversée vers Odivelas. Mais celle-ci se complique ou plutôt s'inverse par inadvertance ou par un mauvais sort qui renverse les lieux, les trajets et fait qu'on se perd, le "rain fila".
Nous verrons donc dans quelle mesure cet extrait montre combien l'imaginaire timorais perdure au-delà des frontières géographiques comme étant l'essence même de l'identité et de l'homme timorais face à la réalité portugaise. C'est-à-dire comment dans cet extrait se mêlent réalité et croyances, le rationnel et l'irrationnel.
Pour cela, nous étudierons premièrement la "supposée" traversée vers Odivelas où apparaissent les premiers signes de l'animisme timorais.
Puis nous nous centrerons sur la manifestation physique de cet esprit, le rain fila, qui pousse les trois hommes à se perdre et sur l'explication rationnelle et irrationnelle de ce phénomène.
Enfin, nous analyserons la dimension syncrétique de l'extrait à travers la réaction du chauffeur de bus portugais.
I. LA "SUPPOSEE" TRAVERSEE VERS ODIVELAS
L'extrait s'ouvre sur la réplique en discours direct de Domingos qui pousse le narrateur à se rendre à Odivelas avec lui et son compère réservé Mali Mau qu'il connaît à peine. L'impératif "Vamos" et le verbe d'ordre "ordenou" montre le caractère affirmé et dominant de ce personnage. Le narrateur n'a même pas le temps de donner son avis qu'il se retrouve embarqué dans une nouvelle traversée, une nouvelle chronique de sa vie. Celle-ci ne s'effectue pas par bateau comme dans le premier chapitre entre Dili et Atauro ni en avion, moyen par lequel il s'est rendu au Portugal depuis Timor mais en bus et plus exactement le premier bus qui leur est apparu "o primeiro autocarro que estacionara na paragem" (...)
[...] Ce qui nous renvoie une fois de plus au premier chapitre avec l'échange de regard puissant entre Simao et les requins. Dans notre extrait, ces yeux brillants révèlent pour le moment un certain calme et une recherche géographique d'un endroit sans doute encore mal connu puisqu'ils viennent tout juste de s'installer à Odivelas et dont des éléments de référence permettraient aux deux hommes de se situer. Cependant, le calme qui peut se lire dans leurs yeux va très vite laisser place à une certaine angoisse ou incompréhension. [...]
[...] Traduction page 125 Nous remontâmes dans le bus et quand Mali Mau, Mau Mali à l'envers, montra sa carte, le chauffeur resta un moment interdit observant le voyageur bouleversé. Il semblait au vu du sourire qui s'ébauchait au coin de ses lèvres qu'il allait demander une carte avec une photo retournée à l'envers. - Ces gars il secoua le bâton font toujours le contraire ! il ria sans pitié. Et c'est pourquoi ils se confondent avec la nuit ! conclut-il éclairé. [...]
[...] Le document présente le commentaire composé d'un des extraits les plus connus de l'œuvre de Luis Cardoso : Cronica de uma Travesia. Il explique combien l'imaginaire timorais perdure au-delà des frontières géographiques comme étant l'essence même de l'identité et de l'homme timorais face à la réalité portugaise. C'est-à-dire comment dans cet extrait se mêlent réalité et croyances, le rationnel et l'irrationnel. Ce commentaire aborde donc plusieurs des grands thèmes de l'œuvre (le rationnel versus l'irrationnel ; la solitude ; le syncrétisme ; le rôle des sens et de la pluie, etc.) et fait référence aux passages importants de l'œuvre et permet donc de mieux la comprendre. [...]
[...] L'angoisse et la solitude a saudade II. La manifestation physique du rain fila A. Le rationnel et l'irrationnel B. L'esprit surnaturel C. Le personnage de Mali Mau et manifestation du rain fila III. Le syncrétisme : la réaction du chauffeur portugais A. Première réaction du chauffeur de bus B. Deuxième réaction du chauffeur de bus C. [...]
[...] disse Mali Mau Puis enlève ses bottes, ses vêtements, reste nu et se rhabille dans le sens inverse pour lui permettre de trouver cette estrela orientadora qui comme l'étoile polaire le guiderait. Tout cela se passe sous les yeux d'un chauffeur effaré et effrayé qui nous livre une autre explication, celle-ci ironique, de la scène. III. le syncrétisme : la réaction du chauffeur portugais Face à l'état de Mali Mau totalement possédé par l'instinct de la terre et inversé, à l'envers comme le matérialise l'auteur avec beaucoup d'humour en inversant son nom Mali Mau devient Mau Mali le chauffeur de bus regarde attentivement la scène. [...]
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