Dans ce passage, La Bruyère fait une description d'un berger, reprenant le mythe du bon pasteur, et l'analyse. Ce texte appartient ainsi au genre de la parabole, c'est-à-dire qu'il s'agit d'un récit allégorique renfermant une vérité, un enseignement. Sous la description d'un éloge d'un berger, il s'agit de la critique de Louis XIV (...)
[...] Les questions oratoires contribuent à cette critique. Leur construction en alternative leur permet de contenir la réponse : - quelle condition vous paraît la plus délicieuse et la plus libre, ou du berger ou des brebis ? - le troupeau est-il fait pour le berger, ou le berger pour le troupeau ? La conjonction ou, exprimant l'alternative, laisse penser que le lecteur a le choix. En fait, la question induit la réponse et par deux fois, celle-ci conclut la question. [...]
[...] le troupeau est-il 10 fait pour le berger, ou le berger pour le troupeau ? Image naïve des peuples et du Prince qui les gouverne, s'il est bon Prince. Le faste et le luxe dans un souverain, c'est le berger habillé d'or et de pierreries, la houlette d'or en ses mains ; son chien a un collier d'or, il est attaché avec une laisse d'or et de soie, que sert tant d'or à son troupeau, ou contre les loups ? [...]
[...] Conclusion On sait que La Bruyère n'était pas un opposant à la monarchie. Dans ce texte, il dénonce les abus du Roi mais pas la monarchie. Contrairement à La Fontaine avec la fable 14 du Livre VIII, Les obsèques de la Lionne, La Bruyère fait une critique sérieuse du monarque de son temps et son texte ne peut convenir qu'à une époque précise. En cela, il est bien conforme à son vœu puisqu'il souhaité décrire les mœurs de ce siècle Si La Fontaine établit une satire en recherchant l'intemporalité de sa fable, La Bruyère incite le lecteur à s'interroger en lui exposant son point de vue certes critique mais sans caricature. [...]
[...] La Bruyère engage ainsi la réponse du lecteur. L'image naïve (ligne 10) qui conclut la description, montre que cette conception idéale du Roi est aussi celle du peuple. La présence même de ce qualificatif, pourtant dénué de toute connotation péjorative, laisse deviner le jugement de l'auteur. D'autant que la ligne 11 avec la conjonction si apporte une restriction et sous-entend implicitement que Louis XIV n'est pas un bon roi. Enfin, bien que ce soit, là aussi, implicite, La Bruyère fait pourtant référence à Louis XIV : - ligne l'aurore : on peut facilement faire un rapprochement avec le Soleil (Roi Soleil) - la répétition aux lignes 12 à 14 du mot or fois) doit être entendue comme une critique du faste de Louis XIV et de ses subventions à l'armée pour la guerre (critiquant donc son esprit conquérant), d'autant que l'oxymore houlette d'or (la houlette étant en effet un bâton de berger) désigne le sceptre du Roi, signe de l'autorité. [...]
[...] Cette impression de paix renforce l'idée du bon pasteur. Durant cette description, en plus d'utiliser des références culturelles connues du lecteur (la pastorale et l'Évangile), l'auteur s'adresse directement à lui, puis le sollicite et l'amène à s'interroger : - d'abord ligne Quand vous voyez - puis ligne quelle condition vous paraît . II- Une critique de Louis XIV Tout au long du texte, éloge et critique se confondent. La structure même du texte le confirme : en mettant en scène un berger et en faisant l'éloge d'un idéal, il critique implicitement le Roi. [...]
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