Il existe un art de la conversation et un art de la sociabilité qui régissent les rapports humains. Dans ce chapitre, La Bruyère critique les discours hypocrites et dénonce les pouvoirs abusifs de la parole du beau parleur, de celui qui veut imposer son pouvoir.
Dans l'article 7, Acis, l'auteur critique le comportement des courtisans, révélant leurs manies, leurs extravagances, leur ridicule, et il nous présente ici, avec Acis, le portrait d'un précieux dont il fait une critique animée (...)
[...] Le portrait d'un suffisant Acis veut paraître et pense avoir de l'esprit avec son langage obscur. La Bruyère le lui rappelle lignes 7 et 8 : est-ce un si grand mal d'être entendu quand on parle, et de parler comme tout le monde ? On verra là une allusion à Boileau qui disait : ce qui se conçoit bien s'énonce clairement Ainsi, le personnage décrit est caricatural, stéréotypé à l'extrême. II- Un récit critique dynamique et sans complaisance Dans cet article, les procédés d'animation sont nombreux : - tout d'abord le dialogue : La Bruyère se met en scène lui-même et devient l'interlocuteur d'Acis. [...]
[...] je n'y suis plus ; vous plairait-il de recommencer ? j'y suis encore moins ; je devine enfin : vous voulez, Acis, me dire qu'il fait froid ; que ne disiez-vous, il fait froid ; vous vouliez m'apprendre qu'il pleut ou qu'il neige ; dites, il pleut, il neige : vous me trouvez bon visage, et vous 5 désirez de m'en féliciter, dites, je vous trouve bon visage ; mais, répondez-vous, cela est bien uni et bien clair, et d'ailleurs qui ne pourrait pas en dire autant : qu'importe, Acis, est-ce un si grand mal d'être entendu quand on parle, et de parler comme tout le monde ? [...]
[...] - le texte lui-même se présente comme une énigme qui tient le lecteur en haleine : .au début avec les questions suivies de : j'y suis encore moins ; je devine enfin .puis avec je vais vous jeter dans l'étonnement (lignes 9 et 10) .et enfin la révélation faite dans la seconde partie du texte et qui constitue un véritable coup de théâtre : une chose vous manque, c'est l'esprit. Le présentatif c'est met en valeur l'énoncé de l'auteur. Il s'agit d'une critique sévère pour Acis, surtout quand l'auteur ajoute : ce n'est pas tout, il y a en vous une chose de trop, qui est l'opinion d'en avoir plus que les autres. Ainsi, pour l'auteur, le précieux fait du verbiage et n'en a pas conscience ! - enfin, le texte s'achève par un ironique peut-être alors croira-t-on que vous en avez. [...]
[...] Dans ce chapitre, La Bruyère critique les discours hypocrites et dénonce les pouvoirs abusifs de la parole du beau parleur, de celui qui veut imposer son pouvoir. Dans l'article Acis, l'auteur critique le comportement des courtisans, révélant leurs manies, leurs extravagances, leur ridicule, et il nous présente ici, avec Acis, le portrait d'un précieux dont il fait une critique animée. Bien qu'il en aborde un aspect social différent, ce passage est à rapprocher de la satire de la préciosité que La Fontaine fait dans sa fable 5 du Livre VII, La Fille. [...]
[...] La critique vise donc les Acis de tous les temps, d'autant que l'auteur ajoute lignes 8 et 9 : à vous et à vos semblables les diseurs de phoebus, faisant allusion à Phébus (et à son homologue grec Apollon) dont les oracles étaient difficiles à comprendre. Conclusion Ce Caractère est donc celui d'un courtisan au langage embarrassé et confus qui se croit spirituel. La Bruyère l'amène à comprendre par un dialogue fictif au rythme vif et sur un ton sévère, la nécessité et les avantages d'une expression claire et d'un comportement plus modeste. [...]
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