Les Caractères, Jean de La Bruyère, manipulation du langage, Scarron, procédé comique, parodie, sarcasme, ironie, Cyrano de Bergerac, leçon du moraliste
Dans cet extrait du livre V, consacré à l'art de la conversation, le moraliste se donne le rôle de censeur. Il corrige un vice de langage qui reflète un vice de caractère. Il va aussi agir en professeur. Jean de La Bruyère propose des portraits éloquents de ses contemporains, mais aussi des courtisans de Versailles. Ce texte suit la tradition du dialogue philosophique. Cette dernière remonte au corpus platonicien qui présente les dialogues dans une mise en forme théâtrale. Cet extrait choisit en revanche la forme du dialogue propre au récit sans véritable narration en arrière-plan. Le thème de la manipulation du langage intéresse beaucoup les écrivains, en exemple récent, on peut citer 1984 de Georges Orwell ; un roman dystopique mettant en scène une langue, la novlangue qui vise à évacuer toute possibilité de penser logiquement.
[...] Les Caractères, extrait du livre V - Jean de La Bruyère (1687) - La manipulation du langage Dans cet extrait du livre consacré à l'art de la conversation, le moraliste se donne le rôle de censeur. Il corrige un vice de langage qui reflète un vice de caractère. Il va aussi agir en professeur. Jean de La Bruyère propose des portraits éloquents de ses contemporains, mais aussi des courtisans de Versailles. Ce texte suit la tradition du dialogue philosophique. Cette dernière remonte au corpus platonicien qui présente les dialogues dans une mise en forme théâtrale. [...]
[...] Celui-ci se résume au fait qu'il est nécessaire de traduire les propos d'Acis même quand il aborde les sujets les plus simples. Le personnage est incapable de choisir des termes appropriés. Sans doute doit-il recourir à des métaphores et périphrases qui transforment son discours en galimatias prétentieux. La Bruyère accumule les exemples sur le modèle de « faire-froid » avec « pleuvoir » et « neiger ». « Parler de la pluie et du beau temps » signifie parler de choses sans importance, or c'est précisément ce que fait Acis. [...]
[...] À la ligne le point marque une pause mimétique de l'effort réflexif auquel doit s'astreindre l'énonciateur qui converse avec Acis. Il permet en outre de varier le rythme du texte. Afin de créer du plaisir par la diversité, La Bruyère s'attache à jouer sur la longueur de ses phrases. En plus de la pause, le verbe « deviner » et l'adverbe « enfin » amplifient l'impression de pénibilité. Lorsqu'on est contraint de converser avec le personnage, on est gagné par de l'impatience, voire de l'irritation, à force de devoir décrypter des sottises travesties en pensées sublimes. [...]
[...] », il s'insurge contre le fait que « tout le monde sait en dire autant ». Il utilise implicitement une double négation. Malgré les exemples prodigués par le moraliste, il persévère dans son erreur et s'obstine à s'exprimer de manière obscure (difficile à comprendre). Par cette attitude, le personnage veut se distinguer, il cherche l'admiration. Il est mû par la vanité, l'orgueil, que les moralistes comme La Rochefoucauld nomment aussi « l'amour-propre ». Le moraliste rétorque à Acis une formule interrogative, qui se veut ironique ; le sens de cette tournure interrogative signifie qu'il est souhaitable d'être compris de tous. [...]
[...] Ne cherche-t-on pas comme Acis à briller par des idiotismes ? Ce n'est qu'après avoir avancé dans le texte que l'on se rend compte que le « vous » est un « vous » de politesse adressée à Acis. Les trois premières phrases du texte sont des interrogatives directes. Elles interpellent en créant un effet de démarrage in médias res. Le choix du conditionnel et la tournure interrogative visent à atténuer la demande (la demande est par conséquent plus polie). [...]
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