La scène proposée constitue la scène finale des "Caprices de Marianne", un final douloureux parce que le marivaudage des protagonistes a conduit chaque fois un innocent à la mort. Aussi, "Les Caprices de Marianne" se double d'un autre drame, celui de la personnalité, puisque' Octave reconnaît en Coelio la meilleure partie de lui-même.
Libertin désabusé, il envie cependant à Coelio sa foi en l'amour, sa ferveur et son idéal. Cette dernière scène n'est-elle pas une classique lamentation funèbre, mais bien une interrogation angoissée : par la mort de Coelio, Octave découvre le danger des mots, du badinage et l'inanité de son existence. Musset développe le thème du dédoublement et du masque, révélant un univers de faux-semblants où l'illusion finit par s'avouer. Par la mort de Coelio, Octave redécouvre sa vraie personnalité, mais pour la perdre aussitôt.
Quels sont les enseignements de ce dénouement ?
[...] Ce tombeau m'appartient ; c'est moi qu'ils ont étendu sous cette froide pierre ; c'est pour moi qu'ils avaient aiguisé leurs épées ; c'est moi qu'ils ont tué. Adieu la gaieté de ma jeunesse, l'insouciante folie, la vie libre et joyeuse au pied du Vésuve! Adieu les bruyants repas, les causeries du soir, les sérénades sous les balcons dorés ! Adieu Naples et ses femmes, les mascarades à la lueur des torches, les longs soupers à l'ombre des forêts ! Adieu l'amour et l'amitié ! ma place est vide sur la terre. MARIANNE. - Mais non pas dans mon cœur, Octave pourquoi dis-tu ! [...]
[...] 40-41) La mort de l'autre et la mort de soi La scène souligne la dualité du personnage d'Octave dont Coelio serait en quelque sorte le négatif. Coelio serait l'adolescent qu'Octave n'a pas su rester et qu'il voit s'éloigner avec déchirement. A l'opposition Coelio / Octave, s'ajoute une autre opposition, moins explicite; celle de la nature représentée par Coelio (gouttes de rosée) et de la société avec ce que cela suppose d'artifice, incarnée par Marianne. La mort de Coelio signifie l'impossible intégration dans l'univers des adultes d'un adolescent intransigeant. [...]
[...] emploi du conditionnel) pour l'excuser et lui ôter tout sentiment de culpabilité. Ainsi, les deux personnages parlent sans se comprendre Cette juxtaposition des deux monologues permet de souligner la solitude des êtres. Octave, privé de son ami le plus cher, brutalement arraché à son passé et totalement désemparé, Marianne méprisée de Claudio son mari, négligée par Octave. La parole est une illusion, nul ne se comprend. Tout au long de la scène, Marianne fait des offres tout d'abord voilées puis tout à fait claires à Octave et se trouve cruellement repoussée par la réplique finale Je ne vous aime pas, Marianne; c'était Coelio qui vous aimait et avec le présent de l'indicatif que l'on retrouve dans la réplique précédente Adieu l'amour et l'amitié ! [...]
[...] La cendre que renferme cette tombe est tout ce que j'ai aimé sur la terre, tout ce que j'aimerai. Lui seul savait verser dans une autre âme toutes les sources de bonheur qui reposaient dans la sienne. Lui seul était capable d'un dévouement sans bornes ; lui seul eût consacré sa vie entière à la femme qu'il aimait, aussi facilement qu'il aurait bravé la mort pour elle. Je ne suis qu'un débauché sans cœur ; je n'estime point les femmes : l'amour que j'inspire est comme celui que je ressens, l'ivresse passagère d'un songe. [...]
[...] "Les caprices de Marianne", Alfred de Musset - acte II, scène la lmort de Coelio OCTAVE. - Moi seul au monde je l'ai connu. Cette urne d'albâtre, couverte de ce long voile de deuil, est sa parfaite image. C'est ainsi qu'une douce mélancolie voilait les perfections de cette âme tendre et délicate. Pour moi seul, cette vie silencieuse n'a point été un mystère. Les longues soirées que nous avons passées ensemble sont comme de fraîches oasis dans un désert aride ; elles ont versé sur mon coeur les seules gouttes de rosée qui y soient jamais tombées. [...]
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