Le surréalisme s'intéresse beaucoup à l'univers du rêve. André Breton nous parle des hallucinations hypnagogiques que l'on peut avoir avant de s'endormir, expérience durant laquelle le fameux « homme coupé en deux par la fenêtre » a lieu. Le surréalisme refuse la toute-puissance du rationnel. Le rêve est alors un moyen idéal de se détacher d'une réalité terne, insipide à transcrire de façon traditionnelle, par la mimèsis ou l'ekphrasis.
Dans la section « Mourir de ne pas mourir » allusion à la citation de Sainte Thérèse d'Avila, le deuxième poème s'intitule « Au cœur de mon amour ». Le poète s'intéresse justement à l'idée d'endormissement : le poète tombe petit à petit dans le sommeil. Le poème est irrégulier. Cependant, les mêmes strophes se répètent : nous trouvons souvent des quatrains et des tercets. Les vers ne se répètent pas de façon régulière, mais plusieurs sont des octosyllabes, des décasyllabes, et des hexasyllabes.
[...] Lorsque le poète s'est endormi, les images cessent pour élaborer une réflexion sur l'expérience, assimilée à une mort, vue comme un renouveau. Le surréalisme se définit dans ce poème comme un lien entre différentes images sans rapport direct les unes avec les autres. La poéticité est à son comble lorsqu'on met côte à côté divers éléments pour lesquels il est difficile de trouver un rapport, une cohérence. C'est justement cette façon de créer des liens entre ce qui de prime abord n'en a aucun qui fait la singularité de la recherche surréaliste : il s'agit d'une quête d'un sens qui transcende notre vision habituelle de ce qui nous entoure. [...]
[...] Le poète s'adresse aux constellations. Celles-ci connaissent la forme de sa tête L'obscurité de cette formule est intéressante. Est-ce que cela a un rapport avec le fait que l'aube illumine la femme ? Ou, celle-ci, a-t-elle la tête dans les étoiles comme dirait l'expression consacrée ? Nous pouvons remarquer qu'à ce moment-là du texte, le doute n'existe plus ; alors qu'au début l'oiseau pouvait être réel ; là nous sommes complètement dans l'imaginaire. L'aspect onirique est présent grâce au verbe se complète : on dirait que le paysage se crée petit à petit, comme dans un rêve. [...]
[...] Le jeu d'ombre et de lumière n'existe plus, car nous sommes dans l'imaginaire pur, plus dans la vision, mais dans la réflexion et le ressenti physique. Il s'agit de tout effacer : le paysage vu précédemment n'existe plus. Ce n'est plus un poète à la première personne qui s'exprime, mais c'est une généralisation ; au troisième vers de la strophe, nous passerons à l'homme plutôt qu'à je La question Comment prendre plaisir à tout ? est une réflexion dont la réponse explique l'effacement de ce paysage onirique. [...]
[...] Ainsi, le rythme change tout au long du poème ; d'abord très bref, il s'accélère et se dérègle. Dans cette poésie, Eluard met en valeur le rêve, l'imagination, la créativité en s'éloignant du cliché de la description de la nature. Le poète s'endort petit à petit, dans un rêve qui vient progressivement, qui nous immerge au fur et à mesure dans un univers issu de l'imaginaire du poète et qui a des caractéristiques proches de la mort. L'assoupissement entraîne la création d'un monde visuel qui atteint son paroxysme dans l'endormissement total de l'homme. [...]
[...] Ses paroles sont mises en valeur par l'absence de verbe introducteur de parole. La citation est très longue, elle fait 18 syllabes, une première partie à huit syllabes, et une deuxième partie à dix syllabes (comme s'il y avait deux vers en un seul, un octosyllabe, et un décasyllabe). Cela permet d'en faire un vers qui tranche par rapport aux autres. Il est d'autant plus important qu'une rime interne est présente recommencer chercher C'est une phrase surréaliste, qui n'appelle pas à la logique du lecteur, mais cherche à décontenancer celui-ci. [...]
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