Capitale de la douleur, le jeu de construction, Paul Eluard 1926, commentaire de texte, déshumanisation, surréalisme, poème d'Eluard, hymne à la vie, dépersonnalisation, champ lexical, lyrisme
Paul Eluard, surréaliste puis communiste engagé, est l'homme de deux muses : Gala puis Nush. "Capitale de la douleur" porte l'empreinte de la première. Publié en pleine crise (sentimentale, esthétique, amicale, familiale et politique), le recueil contient plusieurs sections, dont "Mourir de ne pas mourir" : c'est de cette section qu'est extrait ce poème, "le jeu de construction", dédicacé à Raymond Roussel (grand inspirateur des surréalistes). En quoi ce poème propose-t-il une vision contradictoire de la vie humaine ? Nous verrons pour cela l'expression de la plainte du poète, puis l'hymne à la vie.
[...] Mais le poème est-il toujours élégiaque ? Ne comporte-t-il pas sa part de lyrisme aussi ? Et si derrière la lamentation se cachait une philosophie inédite, celle d'une vie faussement pathétique mais réellement sereine et solide, sûre d'elle-même, bref une vie qui s'assume ? Etudions comment le poème se fait peu à peu hymne à une vie résolue et admise, qui se donne au lecteur avec un aplomb enfantin mais irrésistible. La beauté n'est d'abord pas absente de ce poème ; le monde n'a pas renoncé à sa part de beauté : l'on trouve dans le poème des tournures mélioratives comme avec l'adjectif « tendre » ainsi que le recours à un sonnet, cette forme fixe bien connue des lecteurs pour être la structure fondamentale de l'expression lyrique : on a même un sonnet agrémenté, augmenté (d'un vers) de façon à former un ensemble de non plus quatorze mais quinze vers (deux quatrains, deux tercets auquel il faut ajouter un monostiche). [...]
[...] Capitale de la Douleur porte l'empreinte de la première. Publié en pleine crise (sentimentale, esthétique, amicale, familiale et politique), le recueil contient plusieurs sections, dont « Mourir de ne pas mourir » : c'est de cette section qu'est extrait ce poème, « le jeu de construction », dédicacé à Raymond Roussel (grand inspirateur des Surréalistes). En quoi ce poème propose-t-il une vision contradictoire de la vie humaine ? Nous verrons pour cela l'expression de la plainte du poète, puis l'hymne à la vie. [...]
[...] Les images de la tristesse envahissent le texte. Ainsi l'on trouve tout un champ lexical de la mort avec « tombe », « mourir » dès la première strophe, mais plus largement du malheur, avec « cœur lourd » au second quatrain. Rien que dans les deux tercets (six vers) ce sont quatre occurrences du verbe « pleurer » que l'on trouve : le chagrin semble s'accumuler et semble insurmontable. Jusqu'à la fin, le texte est empreint d'une forte négativité : le poème s'ouvre avec une négation (« ne peut pas s'ouvrir », v.2) et se clôture sur une négation « si l'on n'a pas de récompense ? [...]
[...] Il appelle une réflexion sur ce qui est, où ce sont moins les preuves qui comptent, que la simple affirmation : « ça, ça et ça », censés suffire. Montrer, avec Eluard, c'est déjà démontrer. Pas besoin de raisonnements savants ou élaborés, le réel concret, celui que l'on a là, juste sous les yeux, a pour Eluard, le premier et le dernier mot. Eluard n'est -il pas après tout, si l'on se réfère aux titres de ses œuvres, le poète de « la vie immédiate » (1932) et de ce qui est « donné à voir » (1938) ? [...]
[...] Le poème veut aussi entraîner son lecteur. L'humanité n'est pas si absente : elle a laissé quelques traces subtiles, présente de façon indirecte (avec les sentiments : « pleurer », ou la morale, avec la notion de mérite, spécifiquement humaine : « récompense »). Le lecteur est requis, et sollicité : l'adresse à un destinataire, avec l'emploi de la deuxième personne (« creusez ») témoigne d'une prise en compte d'une altérité. Le poème se fait spectacle à regarder, à observer, comme l'indiquent les démonstratifs qui, même puérilement et de façon allusive, sollicitent quand même un témoin (« ça, ça, et ça ») ainsi que les questions qui appellent une réponse : « pourquoi pleurer ? [...]
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