La visite de l'Eldorado introduit une pause dans un récit dont le rythme était jusque-là rapide et trépidant. A la frénésie du début succède le repos, et à l'action la description. Candide et son valet contemplent dans l'émerveillement un monde qui apparaît comme le contraire du monde qu'ils connaissent. Cet épisode, par la place qu'il occupe au centre du roman, joue un rôle capital dans l'évolution de Candide (...)
[...] Or ce type de composition, où un voyageur découvre peu à peu le monde nouveau, est celui des livres, nombreux à l'époque, qui décrivent une utopie Le mot a une double étymologie grecque : il peut venir de eutopie : le pays où tout est parfait mais aussi de Outopie : le pays qui n'existe pas il a été forgé par l'Anglais Thomas More qui publia en 1516 un livre intitulé précisément l'Utopie. Politiquement, le pays est gouverné par une monarchie de type libéral, c'est-à-dire favorable à la libre expression des pensées politiques, religieuses ou philosophiques. [...]
[...] Candide et son valet contemplent dans l'émerveillement un monde qui apparait comme le contraire du monde qu'ils connaissent. Cet épisode, par la place qu'il occupe au centre du roman, joue un rôle capital dans l'évolution de Candide. Pour le montrer, nous étudierons d'abord la façon dont Voltaire met en place une lecture critique d'Eldorado ; nous verrons ensuite en quoi ce pays est une utopie ; et enfin nous nous interrogerons sur la fonction de cette utopie dans le roman. [...]
[...] Enfin, le regard de Candide sur la société de l'Eldorado n'a aucune valeur critique : il met tout sur le même plan. Les voyageurs ne perçoivent donc pas à sa juste valeur les sens de ce qu'ils découvrent : ils n'en ont qu'une vue superficielle et candide. Mais comme dans le reste du roman, cette candeur a un rôle de révélateur : elle a pour fonction de bien mettre en valeur le monde qu'ils visitent et d'inviter le lecteur à percevoir le contenu philosophique du texte. [...]
[...] Le roi n'a rien d'un souverain autoritaire et les rapports de hiérarchie sont assouplis : il est facile de l'aborder et de s'entretenir avec lui. L'utopie de l'eldorado apparaît en outre comme une civilisation essentiellement urbaine. Le principe en est, comme il est di au chapitre XVII de joindre l'utile à l'agréable. Pour cela, l'espace est agrandi par de longues perspectives : édifices publics mille colonnes . etc. qui symbolisent le gout des philosophes pour la vulgarisation des sciences et des polémiques pour lutter contre les préjugés et l'arriération mentale. [...]
[...] Pour cela, il ôte au merveilleux son pouvoir de persuasion par la surenchère des détails féériques : tout est trop beau, trop parfait. Cette surenchère se traduit par des redondances : les grands officiers et les grandes officières »par l'emploi systématique du nombre mille dont l'exagération finit par ne plus avoir de sens. L'auteur, établit par l'humour une connivence avec le lecteur : on s'amuse de la naïveté de Candide et de Cacambo, qui sont seulement impressionnées par les apparences et se trompent constamment sur la réalité d'eldorado. [...]
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